24 octobre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Des praticiens prétendent soigner ce mal imaginaire. Une dérive qui interroge plus largement sur l’utilité de l’ostéopathie pédiatrique.
Par Stéphanie Benz
Lire "Ostéopathie et syndrome de kiss chez les bébés : lubie marketing de pseudo-thérapeutes".
A la naissance de leur fille, Marine [1] et Sébastien vivaient en Asie, loin de leurs proches. La petite pleure beaucoup, dort moins de quatre heures par jour, a des reflux, des coliques, la tête toujours tournée du même côté... "Les médecins nous disaient que tout était normal, mais on voyait que notre bébé allait mal et on ne savait plus quoi faire", se souvient Marine. A force de chercher sur Internet, ils finissent par découvrir une maladie qu’ils ne connaissaient pas, le "syndrome de Kiss" : "Tout collait, les symptômes correspondaient à ce que notre enfant vivait", poursuit Sébastien. Le jeune couple voit que quelques spécialistes savent traiter ce syndrome en France, et profitent d’un séjour pour prendre rendez-vous avec un médecin ostéopathe. "Nous avons fait les trois séances recommandées par le thérapeute, et cela a tout changé", raconte la jeune maman.
Le médecin en question, installé à Avignon, a ouvert un centre dédié au Kiss et assure soigner une vingtaine de bébés par semaine. "Ces enfants ont un blocage entre l’occiput et la première cervicale dû à leur position pendant la grossesse. Une correction douce s’avère nécessaire", déroule Serge Larcher, qui se vante d’avoir introduit ces soins dans l’Hexagone voilà une dizaine d’années. Depuis, le concept a essaimé, sur les réseaux sociaux et les forums de mamans. Problème, ce syndrome... n’existe pas.
"Un chirurgien allemand l’a inventé dans les années 1990. Il raconte que 2 à 5% des nouveau-nés sont touchés. Mais tout cela n’a aucun fondement scientifique, assure le Dr Andreas Werner, président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire. Il s’agit en réalité d’un regroupement de symptômes non spécifiques". La liste s’affiche sur tous les sites consacrés au Kiss : pleurs, régurgitations, coliques, allergies, difficultés à téter, tête en extension, position du corps en virgule... "On retrouve cela chez beaucoup de bébés, et cela passe peu à peu. C’est facile de soigner une pseudo-maladie qui s’arrange toute seule", raille le pédiatre. Christèle Gras-Le Guen, la présidente de la Société française de pédiatrie (SFP), se montre encore plus sévère : "Il s’agit de pratiques non validées et potentiellement dangereuses, martèle-t-elle. La SFP se trouve en désaccord total avec l’idée de manipuler les cervicales de nourrissons, a fortiori sans argument d’efficacité ni de sécurité." [...]"
[1] Les prénoms ont été modifiés.
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier L’Express : "La face cachée du bien-être" (20 oct. 22) dans Santé dans Sectes (note du CLR).
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