22 mai 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
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[...] LFI veut désobéir sans attendre, même si cela implique d’être condamné par la justice européenne. Pour les plus europhiles PS et EELV, l’accord semble donc représenter un pas majeur.
Mais, en réalité, les écolos en opèrent une lecture tout à fait différente. Celle-ci s’appuie sur le principe de « respect de l’état de droit », posé dans le texte : « Cela veut dire que nous respecterons la suprématie du droit européen », explique la sénatrice écologiste Mélanie Vogel. [...]
[...] Sur un plan pédagogique, la Nupes propose « la reconstruction d’une école globale pour l’égalité et l’émancipation ». Calé sur les revendications syndicales de la FSU, Mélenchon proposait de libérer à l’école primaire un « temps hebdomadaire autogéré de 1 h 30, afin de permettre, pendant le service, la concertation et le travail coopératif ». Fort bien pour le bien-être au travail des professeurs… mais les élèves, dans cette affaire ? Le chef des Insoumis programme par ailleurs de supprimer les APC (aides pédagogiques complémentaires), au détriment des élèves en difficulté qui en bénéficient.
Mélenchon veut aussi « mettre fin aux dispositifs d’évaluation et de contrôle permanents ». Impossible donc pour l’État de savoir si les jeunes Français progressent ou régressent sur le plan scolaire. Créer un concours de « Capes socioculturel » ne semble pas une nécessité absolue. En revanche, recruter les professeurs dès la licence, comme il y a vingt ans, plutôt qu’à un niveau master pourrait être intéressant afin d’attirer des étudiants d’origine populaire, aujourd’hui découragés par la longueur des études. Mélenchon entend également encourager les tutorats entre élèves. Mieux que le camarade de classe pour expliquer un problème de maths mal digéré : le professeur, oserait-on suggérer. Quant à l’insistance sur le renforcement de l’éducation à l’égalité, contre le sexisme et les discriminations raciales et LGBTI-phobes, espérons qu’elle ne contribue pas à faire rentrer dans les établissements des associations plus militantes qu’éducatives. La rallonge des salaires, oui. Le recul de la transmission, non.
Une énième tartufferie pour illustrer l’ampleur du problème : Taha Bouhafs a été désinvesti par La France insoumise de sa candidature aux prochaines élections législatives, mais il a fallu des accusations de violence sexuelle pour écarter le journaliste militant, dont les soutiens documentés à l’islam politique avaient pourtant défrayé la chronique ces dernières années. Cela n’avait pas posé problème, car, au sein de la Nupes, défendre la laïcité n’est pas une priorité ; à dire vrai, c’est presque devenu une tare.
Bien sûr, lorsqu’on leur reproche cet abandon, Jean-Luc Mélenchon et ses amis poussent de grands cris : ne sont-ils pas les plus laïques, eux qui militent pour l’abrogation du concordat en Alsace-Moselle et le refus de l’attribution du titre de chanoine de Latran au président de la République ? C’est oublier que le combat pour la laïcité ne se réduit pas à des enjeux institutionnels exclusivement liés à l’Église catholique, mais s’éprouve par des actes quotidiens ; et que, lorsque la République a été attaquée par son plus redoutable ennemi contemporain, l’islamisme, La France insoumise a fait défaut. En expulsant des laïques de ses rangs sous les injures, en prêtant son appui au CCIF, frériste, et à BarakaCity, salafiste, en adoptant la rhétorique victimaire de l’« islamophobie »…
Ce ne sont pas les écologistes qui feront obstacle à ce choix : la laïcité n’a jamais été dans leur ADN, comme l’ont montré les édiles verts de Strasbourg, en finançant une mosquée islamiste, et ceux de Grenoble, en soutenant l’introduction du burqini dans les piscines publiques. Quant aux socialistes, ils ont arraché l’inclusion d’un appel à « la défense de la République laïque et universaliste » dans l’accord signé avec LFI. Une formulation vague qui n’engage à rien, alors que le même texte prévoit l’abrogation de la loi contre le séparatisme. Il faut malheureusement s’y faire : au sein de la Nupes, l’attachement à la laïcité est très minoritaire. Ce principe, autrefois cardinal à gauche, est considéré par certains comme une vieillerie folklorique, par d’autres comme un outil au service d’un racisme institutionnel.
Lire "Écologie, éducation, Europe… On a passé le programme de la Nupes à la loupe".
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Marianne : "La Nupes au scanner" (19 mai 22) dans Gauche (note du CLR).
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