15 janvier 2015
"Recruter des "conseillers humanistes" pour les prisons, favoriser la création d’établissements privés de théologie musulmane... L’Observatoire de la laïcité émet 11 propositions pour "renforcer la cohésion nationale" après les attentats jihadistes, dans un avis vivement contesté par trois de ses membres, dont Jean Glavany.
Cet observatoire rattaché aux services du Premier ministre est composé de 23 membres (parlementaires, personnalités qualifiées, hauts fonctionnaires) et présidé par l’ancien ministre socialiste Jean-Louis Bianco.
Parmi ses préconisations figurent "le soutien à la création d’établissements privés de théologie musulmane et de formations à l’islamologie", afin d’assurer la formation d’imams en France et d’éviter "le développement dans l’espace public de tout discours extrémiste".
En milieu carcéral, l’observatoire propose le recrutement d’aumôniers musulmans en plus des quelque 180 déjà en poste, "l’augmentation de leurs moyens", mais aussi "l’instauration de +conseillers humanistes+ pour apporter un soutien personnel aux détenus, quelles que soient leurs convictions, face à l’influence de mouvements extrémistes".
L’instance souligne en outre la nécessité d’un "développement effectif de l’enseignement laïque du fait religieux dans les établissements scolaires", pourquoi pas "dès le primaire", ce qui "suppose, dès à présent, la formation d’enseignants".
L’observatoire réaffirme également "la nécessaire mise en oeuvre de l’enseignement moral et civique dans tous les degrés, à l’école élémentaire, au collège et au lycée", qui doit être effectif à la rentrée de septembre 2015 mais fait l’objet de débats.
Dans les programmes scolaires, l’instance juge utile "la prise en compte de toutes les cultures +convictionnelles+ et confessionnelles présentes sur le territoire de la République" : pour permettre "l’appropriation du récit national, il est essentiel d’y intégrer l’ensemble de ses composantes, sans préjugé", note-t-elle.
Enfin, l’observatoire veut une circulaire sur la gestion du fait religieux en entreprise, un "très large développement du service civique", mais encore l’organisation chaque année, par département, de "semaines de la fraternité".
Des préconisations vigoureusement contestées tant sur la forme - "cet avis s’est fait sans délibération collective" - que sur le fond par trois membres de l’observatoire très engagés dans le camp laïciste (sic) [1], le député et ancien ministre PS Jean Glavany, la sénatrice PRG Françoise Laborde et Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand Orient de France.
"Sur le fond, au-delà de ces propositions pour l’essentiel angéliques et pusillanimes, cosmétiques dans le meilleur des cas, tandis que certaines sont clairement antilaïques et évidemment inacceptables pour la République, ce qui frappe, c’est le décalage entre ce document et la force des convictions affirmées" ces derniers jours par l’exécutif, écrivent-ils dans un communiqué.
Les trois membres en colère soulignent que, s’ils n’ont pas démissionné de l’observatoire, c’est "pour ne pas donner le sentiment d’abandonner le navire" après les "heures tragiques traversées par notre pays" et "pour soutenir" le Premier ministre Manuel Valls.
Mais, préviennent-ils, "dans une situation politique aussi lourde, et face à des enjeux aussi graves, nous attendons des pouvoirs publics qu’ils mettent bon ordre dans ces dysfonctionnements et ces incohérences". [...]"
Lire "Observatoire de la laïcité : des propositions pour la "cohésion" contestées en interne".
[1] Note du CLR.
Lire aussi le communiqué de Patrick Kessel, Jean Glavany et Françoise Laborde Observatoire de la laïcité : des propositions angéliques, cosmétiques, voire antilaïques (J. Glavany, P. Kessel, F. Laborde, 15 jan. 15) (note du CLR).
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