Revue de presse

"Non, l’Europe ne doit pas parler anglais" (Marianne, 12 oct. 18)

Benoît Duteurtre, romancier, essayiste et critique musical. 30 octobre 2018

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Pourquoi les institutions européennes n’abandonneraient-elles pas la langue de Shakespeare pour adopter le plurilinguisme et la traduction ? Un débat primordial à l’heure du 17e sommet international de la francophonie, ces 11 et 12 octobre à Erevan, en Arménie.

Le 12 janvier 2017, le sémillant candidat Macron, de passage à Berlin, s’adressait à une assemblée d’étudiants allemands. Il choisit alors de s’exprimer en anglais, ce qui témoignait d’une certaine idée de la modernité… mais aussi d’un certain dédain pour les deux grandes cultures française et allemande, officiellement si proches au cœur de l’Europe. Il est vrai que notre voisin semble avoir accepté depuis longtemps le recours à l’anglais comme véhicule des échanges entre peuples du Vieux Continent. Et il n’est pas certain que le futur président français ait vraiment réfléchi à la question, tant ce réflexe semble faire partie de son programme : celui d’un ovni politique, se voulant jeune, pragmatique, réformateur et pressé de faire entrer la France dans le train de la globalisation heureuse - ce qui suppose aussi bien de remplacer les trains régionaux par des autocars, de réduire la fonction publique ou de maîtriser le globish comme une seconde nature. Il allait en donner une nouvelle illustration quelques mois plus tard, en cultivant avec Donald Trump les apartés censés contribuer au rapprochement des deux pays - à moins qu’ils ne créent une forme de vassalité pour celui qui emploie la langue de l’autre. Mais c’est plus fort que lui : dès qu’il sort de l’Hexagone, et comme pour marquer sa différence avec ces patauds de Sarkozy et de Hollande, le nouveau président recourt systématiquement à l’anglais… au risque de commettre quelques impairs, comme d’avoir trouvé « trop bonne » l’épouse du Premier ministre australien. [...]"

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