Revue de presse

Niger : "La gloire du sabre" (Riss, Charlie Hebdo, 9 août 23)

(Charlie Hebdo, 9 août 23). Riss, directeur de "Charlie Hebdo" 9 août 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "La gloire du sabre".

"[...] Sommes-nous en train d’assister au dernier chapitre d’une histoire coloniale commen­cée au XIXe siècle  ? La colonisation n’est pas défendable car ses motivations n’étaient que la prédation et une course « au drapeau » mortifère entre la France et l’Angleterre. Les exactions commises par les troupes françaises, anglaises ou belges sont encore trop méconnues. L’histoire de la colonisation est ignorée parce qu’elle sent la mort et la honte. Mais aussi parce que son récit, même un siècle plus tard, reste un enjeu politique. On ne raconte pas cette histoire sans arrière-pensée, car elle n’est pas terminée. Du coup, on évite d’en parler.

L’Afrique, cette pauvre Afrique, est toujours au cœur d’intérêts coloniaux. La milice russe Wagner, qui massacre impunément en Centrafrique, n’a rien à envier à la colonne Voulet-Chanoine, et si la France, puissance colonisatrice historique, s’en va, d’autres colons prendront sa place. Comme si l’ordre du monde avait imposé à l’Afrique, en 1899 comme en 2023, d’être colonisée, encore et toujours.

Aujourd’hui, ce qu’hier on appelait « colonisation » porte le nom de « mondialisation ». Les colonisateurs actuels sont peut-être encore plus redoutables car ils n’ont pas le passé colonial de la France ou de l’Angleterre, ce qui leur donne bonne conscience pour piller de fond en comble, et sans états d’âme, les richesses de l’Afrique. L’Arabie saoudite, la Chine, la Russie, le Brésil, le Maroc et bien d’autres se sont donné rendez-vous en Afrique équatoriale pour continuer non pas la soi-disant œuvre civilisatrice de l’Europe, mais celle, dévastatrice, de la mondialisation.

À cela s’ajoute la question du djihadisme, dont les chefs se frottent probablement les mains de voir partir les troupes françaises. La géopolitique de 2023 n’est en effet pas exactement la même que celle de 1899. Qu’importe, le départ de l’armée française permettra aux populistes africains, aussi démagogues que les nôtres en Europe, de promettre aux foules des jours meilleurs. De leur faire croire que plus aucun pays étranger ne pillera leurs richesses et que les dirigeants africains deviendront tous intègres et ne seront plus corrompus jusqu’à l’os comme ceux d’aujourd’hui. [...]"


Lire aussi dans la Revue de presse "Niger : qui est le colonialiste ?" (L. Joffrin, LeJournal, 30 juil. 23) (note de la rédaction CLR).


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