Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères. 14 janvier 2016
"Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères, dénonce l’inaction des élus français quant à l’islamisme
« Un jour, ton fils de 13 ans, il arrive à la maison et il te dit : “ Maman, tu n’es pas une bonne musulmane parce que tu ne fais pas ce qui est écrit dans le Coran ! » Voilà le genre de situations que rencontre régulièrement Nadia Remadna. Dans les banlieues de Seine-Saint-Denis où elle travaille, cette mère qui a élevé seule ses quatre enfants se retrouve de plus en plus devant des mères désemparées qui ne savent plus quoi faire de leur fils. Avant, elles avaient peur qu’ils deviennent délinquants, aujourd’hui, elles ont peur qu’ils deviennent terroristes, dit-elle.
« On dit que les jeunes se radicalisent sur Internet, mais ça peut arriver n’importe où : à l’école, à la mosquée ou dans une activité sportive, dit-elle. Dans nos banlieues, on voit de plus en plus de jeunes filles qui arrêtent l’école pour se voiler et s’enfermer à la maison. On voit des jeunes qui ne veulent plus dire “ je t’adore ” parce que, disent-ils, ce mot est réservé à Dieu. On est où, là ? »
C’est parce que de telles scènes sont devenues quotidiennes qu’en juin 2014, Nadia Remadna a fondé la Brigade des mères. Oui, « brigade », comme dans « brigade des stupéfiants » ou « brigade antiterroriste ». Avec une vingtaine de ses semblables, elle intervient en banlieue parisienne pour tenter de régler les conflits scolaires, les problèmes de délinquance ou de violence familiale.
Née en France de parents algériens, Nadia Remadna sait de quoi elle parle. À 13 ans, son père l’obligea de force à quitter son collège à Champigny-sur-Marne, près de Paris, pour aller s’enterrer avec lui à Bougaa, une petite ville près de Sétif, en Algérie. Il s’écoulera une bonne décennie avant que Nadia trouve le courage de se sauver pour retrouver la France et la liberté.
Aujourd’hui, lorsqu’elle voit la grande noirceur qui opprime tant de femmes algériennes gangrener son propre pays, elle ne le supporte pas. C’est pourquoi elle a écrit un livre en forme de coup de poing (Comment j’ai sauvé mes enfants, Calman-Lévy) dans lequel elle dénonce l’inconscience des dirigeants politiques français qui s’accommodent des islamistes et ne cessent de victimiser les jeunes des banlieues françaises.
À l’époque, dit-elle, « il n’y avait pas la ghettoïsation ethnique et religieuse qu’on voit maintenant. On était peut-être pauvres, mais il y avait un mélange. Il y avait les Italiens avec les Algériens et les Portugais. Aujourd’hui, les enfants sont enfermés dans la culture de leurs parents alors même qu’ils ne connaissent ni le pays de leurs parents ni leur propre pays, la France. Même que souvent, ils ont la haine de la France, une haine qu’on a soigneusement cultivée chez eux en leur disant sans cesse que les Français étaient racistes et méchants. Avec le temps, ils se sont enfermés dans cette haine. Moi, j’en veux aux politiques qui ont fait de nos enfants des gens qui sont toujours en train de revendiquer au lieu de se sentir français. J’en veux à ces politiques qui ont victimisé nos jeunes. »
Tout au long du témoignage qu’elle publie avec un journaliste de l’hebdomadaire Marianne, Nadia Remadna raconte les nombreuses compromissions des élus de gauche de sa ville avec les islamistes pour acheter la paix. Elle montre comment ceux-ci se résignent souvent à ne pas appliquer les lois, à reculer sur la laïcité et comment, dès qu’arrive un drame, ils font appel aux leaders religieux pour rétablir la paix.
Résultat, aujourd’hui, les islamistes harcèlent les filles qui ne portent pas le voile et insultent ceux qui ne respectent pas le ramadan. Bref, ils font de plus en plus la loi. « Les élus participent à cette ségrégation, dit Nadia. Ils nous enferment dans notre culture, dans notre tradition, dans notre religion. On est comme dans des prisons à ciel ouvert au lieu de se sentir français. »
Nadia Remadna en veut aussi à l’école qui ne s’intéresse qu’aux « médiocres », écrit-elle, au lieu d’encourager les meilleurs et de récompenser l’excellence. Mais surtout, elle ne pardonne pas à cette école d’avoir « cédé sur la laïcité ».
À partir des années 1990, de nombreux élus des banlieues difficiles ont encouragé ce qu’on appelait alors les « Grands Frères » ou les « médiateurs ». Il s’agissait, à l’aide de subventions à l’emploi, d’engager des jeunes issus des quartiers périphériques pour maintenir l’ordre dans les transports en commun ou dans les cités. Comme si l’État pouvait déléguer ses missions régaliennes à des organisations communautaristes.
« Le mouvement des Grands Frères, ça a bousillé pas mal de choses, dit Nadia Remadna. Aujourd’hui, quand ils interviennent dans les quartiers, ils interviennent avec le Coran. » Avec les conséquences que l’on imagine pour les femmes.
« Dans les banlieues, de plus en plus, ce sont les hommes qui ont pris le pouvoir, dit-elle. Il y a un machisme intégriste qui s’est installé. Les femmes, elles, elles n’existent plus. Elles sont de plus en plus effacées. Il n’y a plus cette mixité qu’il y avait auparavant. Même dans les ateliers, les femmes font leurs activités de leur côté et les hommes du leur. Ce n’est pas ça, la France ! »
Avec d’autres mères, Nadia Remadna a décidé d’organiser des rencontres afin d’« apprendre à ces femmes l’histoire de leur pays. On s’est rendu compte qu’elles ne connaissaient pas l’histoire de France, même si elles vivaient en France depuis 40 ans. On veut leur permettre de penser autrement en leur donnant des notions de droit ».
Elle veut aussi faire reculer ce qu’elle nomme « le mal-islam », qui dit-elle s’est infiltré partout, et permettre aux familles de se réapproprier l’éducation de leurs enfants, en particulier l’éducation religieuse. Afin d’éviter que cette religion soit enseignée de l’extérieur et de permettre aux parents de demeurer libres de la transmettre ou pas. [...]"
Comité Laïcité République
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