Nadia Remadna, fondatrice de la Brigade des mères, auteur de "Comment j’ai sauvé mes enfants" (Calmann-Lévy). 28 juillet 2016
"La voix est d’abord éteinte, comme si l’horreur de Saint-Etienne-du- Rouvray avait porté un coup au combat qu’elle mène depuis 2014. « On n’aurait peut-être pas pu l’éviter, mais des choses auraient dû être faites. La famille qui a signalé la radicalisation de son enfant n’a pas été entendue », assène Nadia Remadna. La fondatrice de l’association la Brigade des mères à Sevran (Seine-Saint-Denis) fait référence aux multiples alertes des proches d’Adel Kermiche, l’un des deux terroristes abattus.
« Cette attaque contre ce prêtre de 86 ans m’a rappelé l’assassinat des quatre religieux de la communauté des Pères blancs en Algérie (NDLR : en 1994). C’est malheureux, mais dans les quartiers les gens sont aujourd’hui un peu dans l’indifférence. On entend dire « des milliers de personnes meurent tous les jours alors... » Puis, le franc-parler revient en force, porté par l’énergie de ses convictions. Parmi elles : la défense de la laïcité, la bataille contre l’échec scolaire ou la lutte contre la montée du radicalisme religieux.
« Ce n’est pas un numéro vert qui va empêcher la radicalisation et les faits de terrorisme. Quelle maman va appeler ce numéro Stop djihadisme ? Aucune, le mot fait trop peur. » Que faire alors ? « Interdire les écoles salafistes qui sont dangereuses, sous couvert de cours d’arabe. Les rabatteurs ne se cachent pas pour inciter les jeunes à prétenduement défendre la parole du Prophète. Qu’attend la police pour les arrêter ? A cette question, on nous rétorque que ce n’est pas un délit de parler religion, sauf que, là, nous sommes dans du lavage de cerveau. Comme dans les sectes. » Dans son association, elle fait venir des mamans qui ont perdu leur enfant en Syrie, après avoir rejoint Daech. « Elles y alertent d’autres mères en leur disant, par exemple, qu’il ne faut pas avoir peur de l’enfermer dans sa chambre, qu’il faut beaucoup parler avec lui, faire intervenir d’autres membres de la famille pour le surveiller, car on n’ose pas dire aux proches qu’il y a un problème. »
Et d’appeler les mamans de toutes confessions à se rendre sur le terrain, comme ces femmes de l’association, pour dire parfois tout simplement à un jeune à la dérive : « Arrête tes conneries. » « Une maman, c’est sacré. C’est souvent elle qui est en charge de l’éducation, c’est elle qui souffre et c’est elle qui subit, par la suite, le regard et les reproches des autres. Au lieu de se tourner vers les religieux lorsque il y a des drames, que les autorités écoutent les mères. »"
Lire "Terrorisme : « Il faut interdire les écoles salafistes »".
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