Natacha Polony, journaliste, essayiste, directrice de la rédaction de "Marianne". 29 septembre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Ça tombe comme à Gravelotte. Après Adrien Quatennens, Julien Bayou se fend d’un communiqué emprunté pour annoncer son retrait de ses fonctions à Europe Écologie-Les Verts et tenter un début de défense. « Je suis accusé de faits qui ne me sont pas présentés, explique l’ex-secrétaire national, dont mes accusateurs-ices [sic] disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont je ne peux pour autant pas me défendre puisqu’on refuse de m’entendre. » « Situation ubuesque, ajoute-t-il. C’est Kafka à l’heure des réseaux sociaux. » Ubuesque, en effet. Mais qui n’avait pas l’air de traumatiser le sémillant député quand elle touchait d’autres que lui. Il plaidera sans doute qu’on a franchi un cap, avec cette histoire de « violences psychologiques » et autres comportements « portant atteinte à la santé morale des femmes ». Mieux vaut désormais y réfléchir à deux fois pour rompre une relation malheureuse. Le mariage de raison va faire son grand retour pour les hommes qui veulent préserver leur carrière… Mais ce n’est que la suite logique de ce mouvement que Julien Bayou a jusqu’à présent soutenu avec tout ce qu’il faut d’opportunisme. Tout comme les Insoumis avant lui, jusqu’à ce que les « réducteurs.trices » de têtes ne s’attaquent à l’entourage de Jean-Luc Mélenchon. [...]
Que les choses soient claires : la lutte contre les violences que subissent certaines femmes ou contre le sexisme plus ou moins larvé auquel elles se heurtent n’est absolument pas en cause. Ce combat-là, nécessaire, attendu par beaucoup, n’est que le prétexte dont se saisissent celles qui, aujourd’hui, ont lancé une OPA sur la gauche. Clémentine Autain chez les Insoumis, Sandrine Rousseau chez les Verts, ont un agenda : dégager la place. Nettoyer à tout prix la concurrence, avec les armes dont elles disposent. Où l’on s’aperçoit que les femmes aussi peuvent être dévorées d’ambition et prêtes à tout pour éliminer un rival. [...]
Celles qui accaparent le beau mot de féminisme ont recréé les procès staliniens. Les « camarades » sont invités à confesser des crimes dont on ne juge pas nécessaire de leur donner la teneur. Ils la connaissent puisqu’ils sont coupables. Forcément coupables. Et les femmes, petites choses fragiles qui subissent ces « atteintes à leur santé morale », sont bien entendu incapables, elles, d’attenter à la santé morale d’un homme. [...]"
Lire "Adrien Quatennens, Julien Bayou, Sandrine Rousseau… Comment MeToo fracasse la gauche française".
Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Féminisme dans Femmes-hommes (note du CLR).
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