Revue de presse

N. Polony : "Aimer le salafisme pour mieux haïr la France" (lefigaro.fr , 13 sept. 13)

A propos de Nos mal-aimés de C. Askolovitch. 15 septembre 2013

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Le week-end dernier, le ministre de l’Éducation nationale présentait sa Charte de la laïcité, sorte de déclaration solennelle censée rappeler à tous les enfants de France - et à leurs professeurs - les principes qui président à l’organisation de notre vie sociale : la constitution de l’espace public comme un espace neutre dans lequel s’exprime seulement ce qui nous rassemble et fait de nous une Nation.
« Indispensable ! » ont applaudi certains.
D’autres, sans doute plus pessimistes, ont fait remarquer que ce texte empli de bonnes intentions avait bien peu de chances de régler les problèmes d’une école devenue depuis longtemps le lieu d’expression de toutes les tensions qui parcourent la société française.

Cette école, le rapport Obin la décrivait il y a dix ans déjà abîmée par les revendications communautaires, ébranlée par les contestations du contenu des enseignements, étouffée par les pressions exercées sur les filles. Des professeurs incapables de réaffirmer leur mission, des chefs d’établissement soucieux d’acheter la paix sociale et des parents toujours prêts à défendre les prérogatives de leur cher petit contre les impératifs de la collectivité.
Dix ans, vingt ans de renoncement, qu’un texte de dix-sept articles viendrait par miracle réparer ?

Un livre, en cette rentrée, nous démontre par l’absurde à quel point les vœux pieux n’ont que peu de chances d’offrir une réponse efficace à l’émergence d’un communautarisme radicalement étranger à l’histoire politique de la France.

Nos mal-aimés, ces musulmans dont la France ne veut pas est un livre atterrant et glaçant.
Claude Askolovitch raconte en préambule son départ du Point pour, nous explique-t-il, crime d’islamophilie (il aurait refusé de se prêter aux caricatures qui s’étalent dans la presse quand il est question de l’islam). Suivent des portraits de ces musulmans qui, selon lui, n’aspirent qu’à vivre tranquillement leur foi, et que la France rejette, méprise, déteste. Pourquoi faire de la peine aux petites filles et à leur mère, s’interroge-t-il, ces petites filles qui veulent simplement porter leur voile et que l’on humilie pour cela ?

Derrière les phrases mielleuses et les postures de Bisounours, le propos est effarant. Effarant de mépris et de haine, justement, mais contre la France. « Le racisme d’antan exhalait la beauferie et l’arrogance : c’était l’homme blanc matraquant l’inférieur, l’indigène ou le “gris”. L’islamophobie n’est pas arrogante mais apeurée, une idéologie pour vaincus d’avance ; (...) elle sent la sueur aigre, mais parfois autre chose aussi : l’espoir déçu d’une vie meilleure où tous se ressembleraient. »

On passera sur le refus de comprendre ce qui différencie la laïcité à la française de la tolérance anglo-saxonne, et qui constitue le cœur de l’idéal républicain, fait de dépassement des intérêts individuels. On passera également sur l’instrumentalisation de ce qui fut la faute de la France jacobine, son besoin de réduire les diversités culturelles, en oubliant que la pratique des langues basque ou bretonne ne pose pas tout à fait les mêmes problèmes que l’obligation faite aux filles de porter le voile ou la contestation de l’holocauste pendant les cours d’histoire. Pas une seule fois dans ce livre n’est posé le problème du théologico-politique, le fait que ces musulmans présentés comme les seuls « vrais » refusent implicitement la séparation des espaces privé et public qui fonde la laïcité. [...]"

Lire "Aimer le salafisme pour mieux haïr la France".


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