2 novembre 2020
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Inna Shevchenko
« La police française tire et tue un homme après une attaque meurtrière au couteau dans la rue » : c’est avec ce titre que le New York Times a fait état de la décapitation de Samuel Paty, assassiné par un islamiste pour avoir donné un cours sur la liberté d’expression. Après une vague d’indignation sur les réseaux sociaux, le quotidien américain « de référence » a modifié son titre, tout en continuant à mettre l’accent sur l’action de la police : « La police française abat l’homme qui a décapité un professeur dans la rue ». Visiblement tiraillé entre sa tendance obsessionnelle au « politiquement correct » et le devoir de rapporter les faits, le journal a finalement changé une troisième fois son titre pour : « Un homme décapite un enseignant dans la rue en France et est abattu par la police ». Il aura fallu du temps, mais ils y seront arrivés.
Dans ses articles sur l’assassinat de Samuel Paty, le New York Times n’a cependant pas hésité à souligner que « des questions sont soulevées quant à l’utilisation par M. Paty des caricatures de Mahomet en classe », citant des « experts » qui affirment qu’il est difficile d’utiliser ces caricatures à des fins éducatives.
Le Washington Post a lui aussi cherché à expliquer cet assassinat par les fautes du professeur, soulignant que « la décision de Paty de montrer ces dessins à des adolescents a fait sourciller »… D’autres choses peuvent faire sourciller. Par exemple le fait que la devise du Washington Post est toujours « La démocratie meurt dans l’obscurité ». D’évidence, nos confrères s’habituent bien à la pénombre.
Autre média de gauche américain de premier plan, NBC News a choisi de couvrir l’attaque terroriste de Conflans-Sainte-Honorine sur l’air de « il l’a bien cherché » : « Un professeur français décapité avait été averti de ne pas montrer des images du prophète Mahomet avant une « attaque islamiste » » – notez les guillemets qui encadrent soigneusement les mots « attaque islamiste ». Sur le même ton, d’autres médias anglo-saxons ne mentionnent que rarement le terme « islamisme » dans leurs comptes rendus, et quand ils le font, c’est généralement aussi avec des guillemets, comme une mise en doute de la pertinence du terme.
Les médias anglo-saxons se sont donc majoritairement refusés à voir l’assassinat du professeur français comme un acte de terrorisme religieux. En revanche, ils ont largement insisté sur l’« islamophobie » et les « insultes à la religion » – qu’ils mettent sur le même plan –, comme seules explications vraisemblables à ces actes de violence. Pour ces ardents défenseurs des politiques communautaires et identitaires, le problème vient avant tout de la laïcité française, qui autorise le blasphème : « La représentation du prophète Mahomet peut offenser gravement les musulmans » ; « La décapitation du professeur creuse les divisions sur l’identité laïque de la France » ; « Un nombre croissant de personnes pensent que les lois françaises sur la laïcité et la liberté d’expression doivent changer », affirment ainsi les « experts » de la BBC à propos de la situation dans l’Hexagone. Le Washington Post, lui, va droit au but et suggère que la laïcité française « favorise l’islamophobie ».
La ligne éditoriale de ces grands médias sur ces sujets est aujourd’hui à peine différente de celle des plateformes d’information religieuse au prosélytisme affiché qui plaident ouvertement en faveur du mode de vie islamique en Europe. Par exemple, le site d’information musulman britannique 5Pillars, qui, à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, a insisté sur l’incompatibilité des principes laïques avec les musulmans français. Dans un article intitulé « Mais non, Monsieur Macron ! Le problème est la laïcité et l’islam peut être la solution », le magazine numérique affirme que la laïcité française est « l’affirmation de la suprématie d’un ensemble distinct de croyances et de valeurs libérales ». Et son rédacteur en chef appelle le gouvernement français à fermer Charlie Hebdo, car « la liberté d’expression ne vaut pas une guerre civile ». En clair : obéissez, sinon…"
Lire "Médias anglo-saxons : le terrorisme islamiste n’a jamais existé".
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