Revue de presse

"Matignon réfléchit aux moyens de "réparer" les conséquences de l’esclavage" (liberation.fr , 12 oct. 12)

13 octobre 2012

"Matignon réfléchit avec des associations aux moyens de "réparer" symboliquement et/ou financièrement les conséquences de la traite des Noirs, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.

Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a indiqué avoir été reçu le 29 mai et lundi par des conseillers du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, "pour discuter des réparations liées à l’esclavage".

"Le cabinet du Premier ministre s’est engagé à organiser une réunion interministérielle sur cette thématique d’ici le 8 novembre", a ajouté le président du Cran, Louis-Georges Tin, dans un communiqué.

Ces réunions ont bien eu lieu, a confirmé une source à Matignon, en soulignant que le terme de "réparation" était "connoté" et "devrait être modifié".

"Les réparations ne seront pas seulement, et peut-être même pas du tout financières mais passeront aussi par la justice, l’éducation... Toutes les pistes sont possibles", a précisé cette source.

Quand il était maire de Nantes, première ville négrière de France, Jean-Marc Ayrault a soutenu le travail de mémoire sur le sujet. En mars un Mémorial de l’abolition de l’esclavage y a été inauguré.

En visite officielle au Sénégal, François Hollande — qui a reconnu jeudi "des fautes" de la France dans le passé citant la traite négrière —, devait se rendre vendredi à la "Maison des esclaves", sur l’Ile de Gorée, au large de Dakar.

L’esclavage a été officiellement aboli en France en 1848. Le 10 mai 2001, la loi dite Taubira lui a reconnu le caractère de crime contre l’humanité.

Les seules compensations jamais versées depuis la fin de la traite des Noirs l’ont été aux colons, et jamais aux victimes : Haïti a payé "un tribut à la France" de 1825 à 1946 pour compenser son indépendance, et les planteurs de canne à sucre ont reçu des fonds pour leur manque à gagner après l’abolition de l’esclavage en 1848.

Le site internet du Monde publie par ailleurs vendredi un "appel pour un débat national sur les réparations liées à l’esclavage", signé par le député européen Daniel Cohn-Bendit (EELV), l’ex-ministre de la Culture Jack Lang, ou encore le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault.

"En France, la loi du 21 mai 2001 (...) a constitué un geste de réparation symbolique, historique et culturelle", rappellent ses signataires. "Mais aujourd’hui, il convient de relancer le débat sur les réparations (pour) répondre à l’héritage durable de l’esclavage colonial : racisme anti-noir, discriminations, inégalité."

L’appel mentionne la situation des Etats-Unis où des entreprises ayant bénéficié de l’esclavage dans le passé ont mis en place des programmes de réparation, notamment en offrant des bourses d’études à des jeunes de ghettos noirs.

Sans préjuger de la solution à retenir pour la France, ses signataires souhaitent l’ouverture d’un débat parlementaire et la multiplication des initiatives de villes ou d’entreprises."

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