Revue de presse

Martine Storti : « Il y a des pseudo-radicalités qui sont des régressions » (Le Monde, 21 juin 22)

Martine Storti, journaliste et écrivaine, auteure de "Sortir du manichéisme" (Michel de Maule, 2016) et "Pour un féminisme universel" (Seuil, 2020). 2 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Le culte de l’identité qui, hélas, s’aggrave, est une des impasses de la pensée politique depuis près de quarante ans. Ce repli sur l’affirmation identitaire est partagé par deux camps prétendument opposés mais qui s’alimentent l’un l’autre.

D’un côté, les tenants d’une identité nationale figée, alors que la France n’a cessé de changer, d’intégrer de nouveaux apports, les derniers étant la conséquence de son histoire coloniale. Aujourd’hui, ils en viennent à plaquer sur l’identité nationale un principe comme celui de l’égalité entre les hommes et les femmes, en faisant fi de tous les combats historiques menés pour cette cause. De plus, associer l’émancipation des femmes à l’identité française expose à ce que d’autres, ailleurs, justifient l’oppression des femmes au nom de leur propre identité nationale. Je lutte contre cette confusion.

De l’autre côté, l’idéologie décoloniale explique que l’Occident est forcément impérialiste, colonialiste, blanc, raciste et cela depuis l’expédition de Christophe Collomb en 1492. Cette idéologie, qui enferme ce qu’ils appellent les « racisés » dans une essentialisation identitaire figée, revient à effacer toute singularité, toute individualité, en identifiant chaque individu à sa catégorie.

Le mot « décolonial » ne pourrait-il pas simplement signifier la volonté d’appréhender ce qui perdure, sans qu’on en ait forcément conscience, de la période coloniale ?

Mais cela, ce sont les études postcoloniales ! Qu’on n’en ait pas fini avec le colonialisme, que l’on doive avoir conscience de ses effets qui perdurent – ne serait-ce que la manière dont on parle en France des Arabes ou des Africains – cela va de soi.

L’idéologie décoloniale, c’est autre chose. Elle affirme que l’Occident, exclusivement et définitivement, incarne le colonialisme, l’impérialisme, le racisme, etc. En conséquence un courant comme le féminisme, du fait qu’il s’est développé en Occident, est forcément blanc, impérialiste, colonial, raciste, etc. Il y a une construction idéologique avec le « féminisme blanc » comme d’ailleurs dans l’autre camp avec le « néoféminisme », terme censé désigner le « mauvais » féminisme, celui d’aujourd’hui, qui serait différent du « bon », celui d’avant. [...]"

Lire "Martine Storti : « Il y a des pseudo-radicalités qui sont des régressions »".

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