par Gérard Durand. 5 novembre 2019
[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Martin Eden, de Pietro Marcello (2 h 08 min), avec Luca Marinelli, Jessica Cressy, Carlo Cecchi, sorti le 16 octobre 2019.
Son nom est Martin mais il pourrait s’appeler Aldo ou Giovanni sans que cela ne change rien tant son aventure est classique. Il est de ces jeunes hommes que rien n’effraie, surtout quand il s’agit de conquérir le cœur de la belle Elena. Lui est un simple marin, allant de bateau en bateau selon les circonstances, elle est la fille d’une famille de grande bourgeoisie et pour la séduire Marin qui ne sait pas grand-chose va se lancer dans une quête de savoir acharnée. Il y trouvera sa vocation et l’objectif de sa vie : Devenir écrivain.
Doué pour la poésie mais aussi pour les romans, ses échecs de début seront nombreux et c’est alors qu’il est sur le point de tout abandonner qu’un éditeur le prend sous son aile et le fait devenir un grand écrivain.
Beaucoup ont vu dans le roman de Jack London un peu de la biographie de son auteur, d’autres y voient la même chose chez Marcello mais là n’est pas l’essentiel du récit, l’essentiel est le regard porté par le cinéaste sur l’individualisme et le capitalisme galopant dans l’Italie du début du XXe siècle. Une description féroce de la lutte et du mépris de classe. Accueilli dans la famille d’Elena avec curiosité, Martin restera toujours un élément extérieur, une sorte de bon sauvage que l’on peut apprivoiser et sa volonté d’apprendre et de s’adapter aux mœurs de la bourgeoisie sont appréciés non comme des qualités propres forçant l’admiration mais comme la réussite d’une œuvre de charité. Il s’en rendra compte quand il rencontrera le mouvement socialiste et sera aussitôt exclu de ce cercle très fermé par toute la famille et que même Elena ne voudra plus le voir.
La photographie est naturaliste et réalisée à l’économie donnant à ce film une tonalité rafraîchissante, le rythme permet de poser le regard y compris sur les images d’archives et les acteurs de très bon niveau, il est agréablement conté pour le plus grand plaisir du spectateur.
A voir
Gérard Durand
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