Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

Tourné dans le nord du Niger entre 2018 et 2020, ce film raconte l’histoire du petit village de Taliste. Implanté dans une région verdoyante ou l’on surveillait les enfants pour qu’ils ne se perdent pas dans les hautes herbes, il se trouve maintenant au milieu des sables pendant la saison sèche et même la saison de pluies ne permet de nourrir que de faibles troupeaux de chèvres et de bœufs.

L’eau a disparu du village et, pour la trouver, il faut aller au puit le plus proche à près de dix kilomètres. Aller la chercher avec des ânes chargés de multiples bidons est le lot des femmes et des enfants qui se trouvent empêchés d’aller à l’école. C’est le cas d’Houlaye qui, du haut de ses quatorze ans, doit aussi jouer le rôle de mère de famille car les adultes ne sont pas là. Le père est parti en Europe et la mère dans une ville lointaine pour y trouver du travail et constituer le maigre pécule nécessaire aux achats indispensables, comme les médicaments.

L’espoir subsiste malgré tout car sous les pieds des paysans, à plus de 200 mètres se trouve une immense nappe aquifère de milliers de kilomètres carrés qui s’étend sous trois pays. La vie des villageois se partage entre inquiétude sur l’avenir et espoir d’obtenir un forage salvateur. Ce forage, il faut le demander, c’est-à-dire passer par les méandres de l’administration locale dirigée par un préfet bienveillant mais tributaire des réponses de l’administration centrale. Heureusement une ONG, Armann Imann, appuie et guide les démarches.

L’attente est longue mais le film entraîne le spectateur dans le rythme de la vie locale, l’empathie pour cette jeune fille, trop chargée de tâches et de responsabilités - aller chercher l’eau, s’occuper de son très jeune frère -, qui nous retient par sa beauté et son courage fataliste. Et, près de deux années plus tard, arrivent trois énormes camions chargés du matériel de forage. L’eau jaillit et avec elle la fête. Le village va survivre !

En nous montrant ce film, Aïssa Maïga nous parle de nous, de notre avenir. Car des villages comme Taliste, il y en a des dizaines de milliers, tous menacés par un changement climatique contre lequel les gouvernements des pays industrialisés refusent de lutter efficacement, prisonniers de l’invraisemblable égoïsme de lobbies dont le seul but est d’accumuler des richesses encore et encore. Mais comment imaginer que, sans une longue et minutieuse préparation, nous pourrons faire face aux millions de réfugiés climatiques qui s’annoncent. Pour l’instant leur seule idée est de construire des murs !

Gérard Durand