5 janvier 2016
"Pudeur ou communautarisme ? Une pétition lancée voilà quelques jours à Mantes-la-Jolie suscite l’émoi. Un collectif baptisé Les femmes résidentes de la Camy (communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines) réclame des créneaux réservés aux femmes à la piscine située dans le quartier du Val-Fourré. La pétition a déjà recueilli plus de 1 000 signatures. Autre exigence des signataires : le personnel devrait être exclusivement féminin lors de ces horaires.
Déjà formulée à plusieurs reprises depuis l’ouverture de l’établissement en 2010, cette requête a été systématiquement rejetée par les autorités locales. « C’est une attente qui date de plusieurs années, confirme le père de famille à l’origine de la démarche. De nombreuses femmes de Mantes et des villes alentours voudraient bien profiter de la piscine, mais elles n’y viennent pas par pudeur. »
Freinées par la mixité en vigueur dans la plupart des piscines de France, ces femmes jeunes ou moins jeunes « se sentent exclues des lieux publics », ajoute ce porte-parole qui souhaite rester anonyme et pour qui il s’agit « de liberté et d’égalité, de droit des femmes, de considération et de bien-être ».
« Même si la communauté arabo-musulmane est très majoritaire parmi les signataires, ce n’est pas du communautarisme, se défend-il. Nous vivons dans un territoire où cette communauté est très présente : on n’y peut rien. Ces créneaux seraient ouverts à toutes les femmes, quelle que soit leur religion ».
Gérée par un prestataire privé, la piscine du Val-Fourré est néanmoins sous la responsabilité de la nouvelle Communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise (GPSO). Paul Martinez (UDI), président de la Camy et candidat à la présidence de GPSO, est opposé à ce dispositif. « Il n’y a aucune raison objective qu’on accepte, indique-t-il. La piscine a toujours bien fonctionné ainsi et on ne compte pas changer le mode d’accueil. » Son concurrent Philippe Tautou (LR), est encore plus catégorique. « Nous n’en discuterons même pas, réagit-il. A l’heure actuelle et compte tenu du climat général, il n’est pas question de laisser les gens se replier sur eux-mêmes ou de sombrer dans le communautarisme. »
Des demandes régulières jamais accordées
Ce n’est pas la première fois que des femmes tentent d’obtenir un accès exclusif dans des piscines, à Mantes-la-Jolie, mais aussi ailleurs. Dans les Yvelines, c’est déjà arrivé à Trappes, en avril 2003. A l’époque, plus de 150 femmes musulmanes qui avaient défilé dans la ville « pour une plus grande tolérance vis-à-vis de la pratique de l’Islam », avaient vainement demandé au maire (PS) de disposer d’un créneau réservé à la piscine municipale pour pouvoir, disaient-elles, « se baigner loin des regards masculins ». Une demande identique leur avait également été refusée à Lille (Nord) par Martine Aubry. A Argenteuil (Val-d’Oise), en 2008, une association issue de la communauté musulmane avait elle aussi fait circuler une pétition dans ce sens, sans que la maire PS de l’époque n’y donne suite. En 2007, la maire (UMP) de Beauvais (Oise), plutôt favorable à une telle mesure, était finalement revenue sur sa décision face au tollé qu’elle avait provoqué. A Sarcelles (Val-d’Oise), le maire (PS) avait bien accordé ce privilège en 2003 aux femmes Loubavitch, des juives orthodoxes, mais cette disposition fortement décriée par les défenseurs de la laïcité a disparu quelques années plus tard."
Lire "Mantes-la-Jolie : des créneaux réservés aux femmes à la piscine ?".
Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Piscine dans Baignade en public dans Mixité dans Femmes-hommes (note du CLR)
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