Revue de presse

Malika Sorel-Sutter : « Non Emmanuel Macron, le voilement des femmes n’est pas neutre » (lefigaro.fr , 15 avril 22)

Malika Sorel-Sutter, essayiste, auteur de "Décomposition française" (Fayard, 2015) et "Les Dindons de la farce" (Albin Michel, 2022). 17 avril 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Malika Sorel, Les Dindons de la farce, En finir avec la culpabilité coloniale ! éd. Albin Michel, 2022, 224 p., 18,90 e.

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"[...] Le voilement des femmes n’est pas neutre. Dans les pays arabes, une femme qui sort non voilée est qualifiée d’« aryana », c’est-à-dire de « femme nue ». C’est donc bien d’un choc de perceptions qu’il s’agit quant aux frontières de la décence et de l’indécence, de la respectabilité ou non. C’est d’ailleurs là que se situe la raison pour laquelle les femmes non voilées peuvent devenir, à leur corps défendant, objets de consommation publics et ouvrir ainsi, malgré elles, la voie aux mains baladeuses et autres frottements, quand ce n’est pas bien pire qui les attend. Si elles souhaitent avoir la paix, les femmes doivent se soumettre. Pour certaines, le voile constitue un moyen d’être reconnues et valorisées. Pour d’autres, il devient une protection, un rempart contre les assauts potentiels. [...]

Pour pouvoir peser dans le jeu politique, du simple fait du clientélisme politique, les communautés qui se sont constituées suite à l’importance des flux migratoires n’ont strictement aucun intérêt à laisser leurs membres leur échapper. La pression exercée sur les individus s’est donc considérablement accrue au fil du temps, consolidant ainsi les frontières identitaires. La liberté des familles s’en est trouvée entravée, de même que celle des enseignants, et c’est pourquoi ces derniers échouent de plus en plus dans la mission que leur confie la nation, qui est de préparer des citoyens. C’est donc bel et bien le clientélisme politique qui a déstabilisé la République.

La réaction des sociétés occidentales, à commencer par sa classe supérieure, eut-elle été différente si les flux migratoires s’étaient accompagnés d’une remise en question du statut des hommes et d’atteintes à leur liberté, plutôt que de s’accompagner d’une remise en question du statut des femmes et de leur liberté ? Il n’y a là, à mes yeux, pas l’ombre d’un doute. En France comme en Occident, les acquis des femmes demeurent fragiles. Il est donc des circonstances où la misogynie peut constituer un redoutable trait d’union. Cela explique, pour une bonne part, la fulgurance avec laquelle des valeurs traditionnelles venues d’ailleurs ont pu y progresser. « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » (Simone de Beauvoir) [...]"

Lire « Non Emmanuel Macron, le voilement des femmes n’est pas neutre ».


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