Revue de presse

Macron. "La laïcité et « en même temps »" (G. Biard, Charlie Hebdo, 22 juin 22)

Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo". 7 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Niveau laïcité, il en est où Emmanuel Macron ? Eh bien, nulle part.

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2017–2020. Trois ans. C’est le temps qu’aura mis Emmanuel Macron pour découvrir que l’article premier de la Constitution – qu’en tant que président de la République il est censé défendre, voire incarner – stipule que la France est une république laïque. Avant cela, ses rapports avec la laïcité étaient pour le moins distants. La séparation des cultes et de l’État, pas trop son truc. Sans doute le résultat d’une scolarité passée, de la sixième à la première, chez les jésuites… « Je ne sépare pas Dieu du reste », déclarait-il d’ailleurs au JDD en février 2017. Élu président quelques mois plus tard, sentant tout de même que le sujet est au cœur de sa fonction – et qu’il donne lieu à des débats houleux –, il promet un « grand discours » sur la laïcité, qu’il ne cesse de remettre à plus tard. Il préfère prendre la parole, en avril 2018, devant la Conférence des évêques de France, pour une vibrante homélie où il enjoint les catholiques européens de « s’engager politiquement ». Le Vatican est ravi. Les laïques, moins.

Arrive le 2 octobre 2020. Le procès des attentats de janvier 2015 est ouvert depuis un mois, on recommence à brûler des drapeaux français dans les pays islamistes, et un Pakistanais de 25 ans vient d’attaquer à coups de machette deux personnes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Accompagné de six ministres, le chef de l’État présente aux Mureaux (Yvelines) le projet de loi sur le « séparatisme islamiste ». Mais on sent toujours un certain flou, comme une hésitation à s’engager vraiment sur le terrain de la laïcité, dont il n’est question que dans le tout début de son discours – ce qui est déjà mieux que le grand rien qui précédait. Deux semaines plus tard, Samuel Paty est assassiné et, enfin, Emmanuel Macron sort de l’ambiguïté et du « en même temps ». Il aura fallu l’assassinat d’un prof pour qu’il dénonce « les lâches qui ont rendu possible [cet] attentat » et s’empare du sujet de la laïcité et des valeurs républicaines sans circonvolutions sémantiques. Il est vrai qu’à LREM, la start-up présidentielle, on a eu besoin d’un « débat interne », en mars 2019, pour « déterminer une ligne » sur ce principe républicain…"

Lire "La laïcité et « en même temps »".


Voir aussi le communiqué du CLR Macron, « en même temps » laïque et clérical ? (CLR, 21 juil. 21) et dans la Revue de presse la rubrique Emmanuel Macron (note du CLR).


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