Revue de presse

M. Sorel : « Les partis de gouvernement ont abandonné au FN la question de l’immigration » (Le Figaro, 11 sept. 14)

11 septembre 2014

"Stupeur et tremblements dans la « France d’en haut » : un sondage Ifop pour Le Figaro donne la présidente du Front national vainqueur de l’élection présidentielle à venir dans l’hypothèse où elle affronterait François Hollande au second tour. En juillet dernier, un sondage Ifop la donnait déjà devançant Nicolas Sarkozy et François Hollande au premier tour. Voici donc le Front national « aux portes du pouvoir », comme s’en est alarmé le premier ministre Manuel Valls.

La créature qui avait été introduite dans l’arène politique par François Mitterrand en 1984, et qui avait été depuis lors utilisée par les partis de tous bords pour éviter de traiter les sujets qui se rapportent à l’immigration et à l’intégration, est en passe de pouvoir dévorer les apprentis sorciers. Le personnel politique persiste cependant dans son refus de reconnaître qu’il paie là son incapacité chronique à traiter les causes profondes des problèmes d’intégration qui angoissent de plus en plus les Français. Si ces angoisses n’avaient pas été avant tout d’ordre identitaire, ceux-ci auraient aussi bien pu se tourner vers le Front de gauche.

Manuel Valls, qui dégringole dans les sondages, devait sa popularité à son langage de vérité sur l’immigration et l’intégration ; à ses prises de position en faveur des principes républicains, en particulier la laïcité ; à l’autorité et au courage politique qui émanaient de lui. Mais lorsqu’il passe de la théorie aux travaux pratiques, les Français déchantent.
Devenu ministre, il impose le port d’un matricule aux policiers ; les régularisations bondissent ainsi que les naturalisations - il promet même d’en faire davantage. Le pays vit à crédit et s’enfonce dans le chômage ; l’intégration culturelle ne se fait plus qu’à la marge. Qu’importe ! L’État poursuit sur sa folle lancée, continuant d’accueillir des centaines de milliers de nouveaux entrants chaque année.

À même cause, mêmes effets : c’est l’écart entre les paroles et les actes qui avait entraîné la chute de Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait été élu sur la promesse de restituer aux Français le droit qui leur avait été confisqué d’être fiers de leur culture et leurs traditions. L’espoir placé en Nicolas Sarkozy qui est, tout comme Manuel Valls, quasiment seul dans son parti à oser traiter des fondements de l’identité des Français, fut lourdement déçu. Sitôt élu, il fit l’exact inverse de ce qui était attendu de lui : diversité culturelle érigée en dogme ; nominations à raison des origines ethno-raciales, donc rupture avec la méritocratie républicaine pour laquelle le peuple français avait pourtant déclenché la Révolution ; nomination d’un ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale qui s’empresse de soutenir que « la France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire » ; bousculant par ailleurs des codes de savoir-être auxquels les Français attachaient grande importance.
Totalement absorbé par la résorption de la crise économique et financière, il ne vit rien venir : François Hollande fut l’instrument qu’utilisèrent les électeurs pour le faire disparaître de leur quotidien. Les Français se sont comportés tels des enfants qui repoussent leur assiette sans s’inquiéter au préalable de ce qui leur sera servi à la place.
Cette fois-ci, ils semblent vouloir jeter leur dévolu sur Marine Le Pen afin qu’elle les débarrasse d’une classe politique devenue insensible à leurs angoisses. 87 % des Français estiment désormais que les politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme eux (Cevipof, janvier 2014). La force de Marine Le Pen a été de le sentir et d’inventer le slogan UMPS qui lui permet d’amalgamer l’ensemble des partis de gouvernement. Ces derniers lui ont grandement facilité la tâche en désertant de concert la défense des principes républicains et en taxant, dans un réflexe quasi pavlovien, de lepéniste quiconque osait aborder de face les questions d’immigration, d’intégration culturelle, de nation, d’identité. Le Front national n’a pas besoin de travailler ; les autres partis le font pour lui. C’est ainsi que dans l’esprit des Français, ils ont établi une sorte d’équivalence entre le Front national et la patrie, terme qui est presque devenu tabou.

Depuis l’accession au pouvoir de François Mitterrand, les partis politiques n’ont eu de cesse d’abandonner, les uns après les autres, tous les domaines qui touchent de près ou de loin à l’identité des Français. Ainsi en est-il de la laïcité, qui au fil du temps est devenue une jauge à l’aune du respect de laquelle les Français identifient ceux qui sont aptes à vivre selon leurs normes et ceux qui ne le sont pas, n’hésitant pas à déserter certains territoires. [...]"

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