9 février 2016
"Retours sur l’ascension express et la descente en vol de l’ex-porte-parole de LR, 31 ans, laïque intransigeante et républicaine autoritaire.
Il n’est pas certain que Lydia Guirous soit la personne la plus entourée et la plus fêtée à l’heure qu’il est. On parierait même que cette femme de 31 ans, née en Kabylie et grandie à Roubaix, fille d’un commerçant et d’une mère au foyer, pourrait vivre de grands moments de solitude. Et ceci pour trois raisons.
1) Lydia Guirous fut, pendant l’année 2015, une fringante porte-parole de LR. Nicolas Sarkozy l’a bombardée à ce poste en raison de sa précocité, de son frais minois, de ses origines, et surtout pour s’être proclamée, dans un essai à succès, ardente républicaine, juste avant… Charlie. Trois mois après le Bataclan, la voilà débarquée par le même Sarko. Elle aurait pris trop de libertés avec sa mission, dit-on chez LR. « J’ai fait valoir mes convictions » au lieu d’ânonner servilement, se rengorge-t-elle. Elle se serait révélée « ingérable, incontrôlable, pas à niveau », grommelle-t-on du côté de la rue Vaugirard où le soulagement a des allures de bon débarras, même si elle siège toujours au bureau national et fait des appels du pied à Alain Juppé.
2) Lydia Guirous fait aussi l’unanimité contre elle car elle a la laïcité vigoureuse, agressive et abrasive. Elle est contre les menus de substitution, contre le voile à l’université, contre les mères en foulard accompagnant les sorties scolaires. Mais, soucieuse de cantonner toutes les religions dans la sphère privée, elle s’oppose aussi aux crèches de Noël dans les mairies. Pas facile avec ça de séduire une droite attachée à ses racines chrétiennes. Comme elle vient des quartiers populaires, elle n’a aucune difficulté à flinguer la posture victimaire. Et quand elle avance à visage découvert, c’est aussi pour bien signifier que le voile est une offense à l’égalité homme-femme. D’un autre côté, cette multidiplômée est la preuve vivante que l’on peut échapper au déterminisme social. Ce qui lui fait chanter les mérites de l’école sanctuaire, de l’enseignant héroïsé et de la culture classique antirap. Pas simple après ça d’être au mieux avec les islamos qui vous traitent d’apostat et de « collabeur », avec les observantes mises sous cape qui vous voient comme un reproche sautillant, sans compter les gauchos moralistes, les islamos féministes et les pédagogistes qui peuvent difficilement encadrer quelqu’un qui vénère la police, la loi et l’ordre et qui troquerait bien Sarkozy pour… Valls.
3) Lydia Guirous échappe aussi difficilement à ce qu’on pourrait appeler le syndrome Rachida Dati. Quand on est une femme jeune, d’origine arabe, et qu’on se voit propulsée en avant-scène par le seul fait du prince, il vous faut parer des attaques contradictoires. Une fois en place, il faudrait que vous ne soyez plus rien de ce qui a fait votre faveur. Vous devez donner des gages de haute élévation, comme cela est arrivé à Lydia Guirous, passée sous la toise du mépris culturel télévisé du professoral Yann Moix. A droite comme à gauche, il vous est fait un procès en illégitimité et en ambition outrancière. Et, souvent, grandeur et misère se succèdent à une cadence accélérée. Telle Rachida Dati, cette enfant d’une famille de sept a le culte de l’effort et le goût du paraître. Comme Jeannette Bougrab, l’admiratrice de Simone Veil et de Françoise Giroud s’étonne qu’on la traite d’intégriste de la laïcité quand l’intégrisme serait plutôt barbu par les temps qui courent. En tout cas, comme ses aînées, elle vit une destinée politique à embardées. Et, malgré ses bravades à menton haut et œil noir, ce n’est pas forcément facile à vivre. Un ami : « Elle n’a pas le cuir aussi tanné qu’elle en a l’air. Elle a aussi envie qu’on l’aime. » [...]
Elle fatigue un peu de se retrouver renvoyée à ses traditions musulmanes. Elle croit en un Dieu modérément identifié. Elle concède : « Je n’ai rien d’une bouffeuse de curés. » Elle ajoute : « La religion, c’est quelque chose d’intime. » Cela lui serait venu après la mort de sa grand-mère. Elle mélange le Coran aux rites animistes, célèbre l’esprit des lieux et la mémoire des anciens. Elle ne fait pas le ramadan, n’a rien contre l’alcool. Et va répétant : « Je ne veux pas qu’on me mette dans une case. » [...]"
"28 décembre 1984 Naissance en Algérie.
2010 Fonde Future au féminin.
Octobre 2014 Allah est grand, la République aussi (JC Lattès).
Janvier 2015 Secrétaire nationale de l’UMP.
Juin 2015-janvier 2016 Porte-parole LR.
Janvier 2016 #Je suis Marianne (Grasset)."
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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