Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

[...] Tout a commencé jeudi soir par le contrôle d’une femme entièrement voilée, qui a mal tourné et conduit à l’interpellation de son époux. Les versions divergent sur les circonstances de l’incident. Pour le procureur de la République de Versailles, Vincent Lesclous, l’homme aurait agressé un policier, qui porte des marques d’étranglement au cou. Selon la version de la femme voilée transmise au Collectif contre l’islamophobie en France, les policiers auraient été « agressifs » et l’aurait « attrapé par le voile au niveau de la tête et trainée ». Toujours est-il que l’arrestation de son mari a suscité vendredi soir une manifestation de quelques 250 personnes devant le commissariat de Trappes, suivies de violents heurts. Un adolescent de quatorze ans a été blessé à l’oeil. Sur les six hommes de 18 à 24 ans arrêtés cette nuit-là, quatre seront jugés aujourd’hui en comparution immédiate.

Malgré l’envoi de renfort de police, les heurts se sont poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche. Une voiture a foncé sur des policiers qui ont réussi à l’éviter et un groupe d’une cinquantaine de personnes a pris à parti les forces de l’ordre avec des tirs de mortiers de feux d’artifice. Quatre personnes ont été interpellées. Hier soir encore, la situation était tendue près du commissariat où un groupe a défié les forces de l’ordre avant d’être dispersé. Des violences qualifiées dès samedi d’ « innacceptables » par Manuel Valls, qui a aussi défendu l’application, par les policiers de la loi de 2010 sur l’interdiction du port du voile dans l’espace public : « Dans un Etat de droit, l’ordre républicain doit s’imposer et aucune raison ne justifie ces violences », a déclaré le ministre de l’Intérieur, désireux de contrer le procès récurrent en angélisme instruit par l’UMP. Son prédécesseur, Brice Hortefeux, a d’ailleurs estimé que le gouvernement « doit avoir le courage de faire preuve de sévérité ».

Ces échauffourées interviennent dans un contexte tendu. Mardi dernier, deux hommes ont été condamnés à deux mois de prison ferme pour avoir agressé, quelques jours plus tôt à Trappes, une femme « parce qu’elle était voilée ». Au cours des trois derniers mois, cinq femmes voilées ont porté plainte, poussant les responsables musulmans à renouveler leur mise en garde contre une hausse de l’islamophobie. Depuis l’entrée en vigueur de la loi, l’Observatoire de la laïcité a recensé 705 contrôles, dont 423 de femmes entièrement voilées.

A Trappes et dans ses environs, le ministère de l’Intérieur a annoncé hier le maintien jusqu’à nouvel ordre des renforts de police."

Lire "Loi sur le voile intégral : nuits de violences à Trappes".