Revue de presse

"Les reproches du préfet au lycée Averroès" (La Croix, 12 déc. 23)

(La Croix, 12 déc. 23) 12 décembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Analyse Le préfet du Nord a décidé le 7 décembre dernier de mettre fin au contrat liant le lycée lillois musulman Averroès à l’État. À l’appui de sa décision, le préfet liste une série de « manquements graves ». Le lycée entend y répondre point par point et annonce saisir la justice.

Emmanuelle Lucas

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Lire "Lycée Averroès : quels sont les « manquements graves » listés par la préfecture ?"

Non-respect des programmes scolaires, atteintes aux valeurs de la République, constitution d’un fichier illégal comportant les identités des personnes ayant inspecté l’établissement… La préfecture des Hauts-de-France justifie la résiliation du « contrat d’association liant le lycée Averroès à l’État » par une série de « manquements graves », écrit le préfet Georges-François Leclerc dans un courrier adressé au président de l’association gestionnaire du lycée, le 7 décembre. Il s’appuie notamment sur les résultats d’une enquête de la chambre régionale des comptes (CRC) de 2022, largement contestés par les représentants d’Averroès. Ceux-ci ont déjà annoncé saisir la justice, et dénoncent la « chronique annoncée d’une résiliation qui était d’ores et déjà décidée ».

Le préfet pointe tout d’abord une série de problèmes sur la pédagogie, et notamment les livres disponibles au centre de documentation et d’information (CDI). Les ouvrages consultables seraient « vieillissants » et feraient l’impasse sur de nombreux thèmes de société, dont « les relations entre les sexes et l’homosexualité », note-t-il. Ensuite, les livres religieux seraient tous consacrés à l’islam, « ce qui est profondément déséquilibré et donc incompatible avec l’obligation de dispenser l’enseignement dans le respect de toutes les croyances ». Enfin, et surtout, il pointe la présence d’un livre de l’imam Hassan Iquioussen, expulsé depuis pour des liens supposés avec l’islamisme radical.

Tout endoctrinement doit être exclu

Tous ces éléments, estime le préfet, questionnent l’obligation de neutralité qui s’impose à tout établissement sous contrat, rappelle-t-il : « Si la doctrine propre de l’enseignement privé permet à celui-ci de se référer dans son projet éducatif à des valeurs religieuses ou philosophiques spécifiques, il reste que l’établissement sous contrat est soumis, dans la dispense de l’enseignement, à la même neutralité que les établissements publics. Tout endoctrinement, ou toute pression d’ordre philosophique ou religieux sont exclus. »

Le cours d’éthique musulmane serait, à cet égard, le plus problématique. Si son existence ne pose pas problème en soi et relève du « caractère propre » de l’établissement, c’est-à-dire de son caractère religieux, précise le préfet, la teneur du message adressé aux élèves révélerait « la défense au sein de l’établissement d’une doctrine directement contraire aux valeurs de la République ». Les enseignements sont « fondés notamment » sur l’ouvrage Quarante hadiths, de l’imam An-Nawawi, « étudié en cours », souligne-t-il. Or, « s’agissant de l’égalité entre les sexes, cet ouvrage énonce par exemple l’interdiction pour une femme malade de se faire ausculter par un homme lorsqu’une femme peut réaliser cet acte. (…) L’apostasie y est prohibée sous peine de mort (…). Les lois divines y sont présentées comme prééminentes. »

« Une forme d’intimidation »

Le soupçon serait encore nourri par la présence de « certains membres de la communauté encadrante et éducative », comme Sofiane Meziani, signataire en 2016 d’un article intitulé En finir avec la démocratie française ou encore de Mohamed Karrat, président du centre islamique de Villeneuve-d’Asq, placé sous contrôle judiciaire pour des soupçons de délinquance financière.

Dernier élément mis en avant par le préfet, l’existence d’un fichier – illégal – des noms et adresses des divers inspecteurs qui sont intervenus dans le lycée. « Je considère que cette pratique (…) s’apparente à une forme d’intimidation », cingle Georges-François Leclerc.

Ces accusations sont contestées en bloc par les représentants de l’établissement, qui rappellent qu’une inspection générale de l’éducation nationale de 2020 leur avait à l’inverse donné un satisfecit. Ils y voient un énième épisode du long bras de fer engagé avec la région, dans lequel ils ont toujours obtenu gain de cause devant la justice. « Le lycée Averroès est aujourd’hui la cible de multiples propos et rumeurs, malheureusement relayés par les pouvoirs publics, totalement diffamatoires et mensongers, qui visent à occulter la réalité d’un lycée républicain, musulman, d’excellence, de surcroît le plus contrôlé de France », dénoncent-ils dans un communiqué."


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Lycée Averroès (Lille) dans Ecole privée dans Ecole (note de la rédaction CLR).


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