Revue de presse

"Les juifs orthodoxes d’Israël rattrapés par la conscription" (la-croix.com , 9 juil. 13)

11 juillet 2013

" Le gouvernement Netanyahou veut mettre fin à l’exemption de service militaire pour les jeunes juifs orthodoxes. Du jamais vu dans le pays, qui suscite de fortes protestations dans cette communauté.

"« Nous irons massivement en prison plutôt que d’être incorporés à l’armée ! » Cette menace apparaît un peu partout sur les murs de Bné Brak, près de Tel-Aviv, bastion des juifs orthodoxes en Israël. C’est la réponse des « hommes en noir » à l’adoption lundi par le cabinet de Benyamin Netanyahou d’un projet de loi supprimant l’exemption des obligations militaires dont profitent de facto leurs jeunes.

Il prévoit que tous les juifs d’Israël âgés de 18 ans seront progressivement appelés sous les drapeaux ou pour un service civil national d’ici à 2017. Ce texte, approuvé par 14 ministres et 4 abstentions, reflète la configuration politique exceptionnelle qui a, pour la première fois en 65 ans, écarté du pouvoir les partis politiques religieux en Israël après les élections législatives de janvier.

Les piliers de la coalition gouvernementale avaient unanimement fait campagne pour un service militaire ou civil universel, notamment les centristes de Yesh Atid qui évoquent « une révolution mettant fin à l’iniquité », ainsi que le Foyer juif qui regroupe des colons religieux d’extrême droite nationaliste, et Israël Beiténou (droite nationaliste russophone) de l’ex-chef de la diplomatie Avigdor Lieberman. Tous soignent toutefois leur électorat et se sont donc mis d’accord sur une conscription universelle « à la carte ».

Benyamin Netanyahou, dont le Likoud (droite) a historiquement toujours été soutenu par les partis religieux, s’est ainsi efforcé d’adoucir la pilule : les jeunes Haridim (les « craignant Dieu ») seraient recrutés à 18 ans, mais pourraient continuer d’étudier dans les instituts talmudiques jusqu’à 21 ans, ce qui peut s’avérer problématique, car beaucoup sont alors déjà mariés voire pères de famille. [...]

La discussion et les aménagements de ce texte en première, puis en seconde et troisième lectures d’ici à la fin du mois à la Knesset s’annoncent âpres. D’autant qu’il faudra prévoir des peines criminelles : incarcérations des déserteurs, sanctions et incitations financières aux instituts talmudiques pour qu’ils respectent leurs quotas de conscrits.

Benyamin Netanyahou, a salué l’adoption du projet de loi, expliquant qu’au-delà au service militaire ou civil, cette réforme permettrait d’intégrer les hommes ultraorthodoxes « à la population active ».

Conséquence des dispositions envisagées : début août, pas moins de 28 000 étudiants talmudistes, fictifs ou réels, âgés de plus de 22 ans, seraient officiellement dégagés des obligations militaires et pourraient entrer sur le marché du travail. « Nous sommes contraints d’intégrer progressivement les Haridim à l’armée, et surtout sur le marché du travail », explique Benyamin Netanyahou.

Les « hommes en noir » ne l’entendent pas de cette oreille et s’affirment prêts à défendre leur culture. « Nous ne céderons pas à la coercition et ne pardonnerons pas à Netanyahou. L’État juif est le seul pays au monde où une personne étudiant la Torah sera considérée comme criminelle », affirme Moshé Gafni, élu du Parti du judaïsme unifié de la Torah (PJUT).

Dans leurs quartiers, les juifs ultraorthodoxes ont déjà manifesté leur colère. Ils protestent régulièrement devant les centres de conscription de l’armée et molestent ceux qui, parmi eux, ont choisi de porter l’uniforme. « Ils doivent jeter ces haillons à la poubelle avant de rentrer à la maison ! » a averti sur une radio locale religieuse un responsable du PJUT.

Au fil des ans, Tsahal est surtout devenue l’armée des laïcs, et non plus celle du peuple israélien. Actuellement, toutefois, 3 500 Haridim servent dans ses rangs. Selon une récente étude, 70 % de ces derniers qui ont effectué un service militaire trouvent du travail, alors qu’en Israël, six hommes ultraorthodoxes sur dix sont sans emploi, et 60 % des familles de Haridim sont considérées comme pauvres. En 2050, compte tenu de leur natalité, elles constitueront un quart de la population du pays."

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