10 mai 2014
"[...] Depuis quelques mois, le soutien à l’indépendance progresse. S’il demeure minoritaire, il oscille désormais entre 42 % et 48 %, selon les derniers sondages, soit environ dix points de plus qu’avant l’hiver. Une victoire des indépendantistes est désormais une très sérieuse possibilité.
Paradoxalement, le principal facteur qui explique cette progression a été l’intervention du gouvernement britannique, qui a cru bon de souligner les dangers de couper les ponts. George Osborne, le chancelier de l’Echiquier, est venu prononcer un discours aux accents menaçants : pas question de partager la livre sterling avec une Ecosse indépendante, contrairement à ce que souhaitent les indépendantistes. David Cameron, le premier ministre, a de son côté tenté une offensive de charme, tenant un conseil des ministres exceptionnel à d’Aberdeen, la ville pétrolière du nord-est. A chaque fois, cela s’est révélé contre-productif, jugé soit offensif soit condescendant.
[...] Pour comprendre l’extrême susceptibilité des Ecossais face aux leçons venant d’Angleterre, il faut prendre un peu de recul historique. En 1707, l’Ecosse accepte les Actes d’union avec l’Angleterre. Trois siècles plus tard, elle se vit toujours comme une nation différente de l’Angleterre. Les Ecossais ont leur propre musique, leurs billets de banque, une équipe de rugby, de football différente, des paysages distincts… Politiquement, ils sont aussi très différents, beaucoup plus à gauche : il n’y a qu’un seul député conservateur en Ecosse. Le point de vue majoritaire est proeuropéen et social-démocrate, là où les Anglais sont eurosceptiques et libéraux.
Dans ces circonstances, toute leçon venant de Londres est malvenue. Quand elle est en plus proférée par un ministre conservateur, pour lequel les Ecossais n’ont pas voté et qui mène un sévère plan d’austérité, cela ne passe pas du tout. D’autant qu’en face, les indépendantistes ont su montrer un visage souriant.
Le très habile Alex Salmond, premier ministre de l’Ecosse depuis 2007, fait miroiter une indépendance toute en douceur. Il promet de garder la reine comme chef de l’Etat, de ne pas instaurer de frontière avec l’Angleterre et de conserver la livre sterling.
[...] Le débat occupe tout le pays, où se tiennent des milliers de réunions d’information. Partisans du « oui » et du « non » se renvoient des statistiques à la figure. Il y est question des réserves d’hydrocarbures en mer du Nord, du partage de la dette, du financement des retraites, du niveau de protection sociale…[...]
Un long combat en faveur de l’indépendance
Comité Laïcité République
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