24 août 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Dès 1994, alors que la mondialisation heureuse semblait triompher, le sociologue américain avait tout vu des fractures sociales et culturelles que celle-ci allait provoquer. Dix jours avant sa mort, il achevait un testament politique qui dit tout des bouleversements démocratiques actuellement à l’œuvre.
[…] Au moment où Christopher Lasch écrit son manuscrit, Bill Clinton, dont le mandat va coïncider avec la plus longue période d’expansion économique en temps de paix de l’histoire américaine, entre à la Maison-Blanche. Aux yeux de la plupart des observateurs, le nouveau président, qui ira plus loin que Reagan en matière de dérégulation économique et financière, incarne une gauche réformiste décomplexée et convertie, avec succès, au libre-échange.
Christopher Lasch, philosophe d’inspiration marxiste, y voit, lui, tout autre chose : le symptôme d’une sécession des « élites » qui se prétendent « éclairées » et le début d’une nouvelle lutte des classes menée par ces dernières contre le « peuple » perçu comme « ignorant ». Le titre du livre fait référence à La Révolte des masses d’Ortega y Gasset paru en 1930. Sur fond de montée des totalitarismes, le philosophe espagnol voyait dans « les masses » le plus grand danger pour la civilisation occidentale. Cinquante ans après, pour Lasch, la principale menace vient désormais de ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Le sociologue fait un portrait sans concession des « élites » américaines des années 1990. Ces classes managériales et intellectuelles - « celles qui contrôlent le flux international de l’argent et de l’information » - représentent les 20 % les plus aisés de la population. Contrairement aux notables d’autrefois qui s’enracinaient dans une communauté, leur maître mot est la « mobilité ». Tandis que le peuple continue à s’ancrer dans un territoire et une culture nationale, à se sentir lié par un destin commun, elles vivent dans « le royaume sans frontières de l’économie mondiale où l’argent a perdu tous ses liens avec la nationalité ». […]"
Lire "Les grands essais du XXe siècle : La révolte des élites, de Christopher Lasch".
Voir aussi la rubrique La gauche et les classes populaires (note du CLR).
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