Revue de presse

"Les cahiers au feu, l’abaya au milieu" (Riss, Charlie Hebdo, 30 août 23)

(Charlie Hebdo, 30 août 23). Riss, directeur de "Charlie Hebdo" 30 août 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Les cahiers au feu, l’abaya au milieu".

"[...] On nous dit que l’abaya n’a rien de religieux, mais dans le même temps la députée LFI Mathilde Panot nous explique que cette mesure est dirigée « contre les musulmans ». Curieux raisonnement : si ce vêtement n’a rien de religieux, alors pourquoi dire que les musulmans sont victimes de cette mesure d’interdiction  ? Et puis, quand on parle de musulmans, de qui parle-t-on  ? De tous les musulmans ou des plus traditionalistes, dont on sait qu’ils détestent la laïcité et qu’ils ont pour objectif de la combattre  ? Il faut arrêter de nous prendre pour des cons en accusant les opposants à l’abaya d’être antimusulmans : on sait aujourd’hui très bien, et cela est parfaitement documenté, qu’il existe une stratégie pensée par des religieux traditionalistes, comme les Frères musulmans, qui utilisent les réseaux sociaux pour inciter à porter de telles tenues afin de faire plier les règles de la laïcité.

La laïcité n’est pas une obsession de vieux cons

Évidemment, on nous dira que ce genre de discours fait le jeu de la droite radicale, renvoyant la laïcité définitivement dans le camp de l’extrême droite. Il est quand même extraordinaire que la gauche, qui a toujours défendu la laïcité dans le but de restreindre l’emprise des religieux sur la vie publique, privée et politique, soit aujourd’hui incapable de le faire face à des revendications religieuses nouvelles. La laïcité n’est pas une obsession de vieux cons ringards laïcards. C’est un pilier de toute société moderne, qui ne devrait pas être une source de clivage entre la droite et la gauche, mais au contraire un point de ralliement, une sorte de plus petit dénominateur commun à toutes les formations politiques, à la manière du Conseil national de la Résistance (CNR), dont le programme jetait des bases qui faisaient consensus entre toutes les sensibilités politiques.

Au lieu de cela, le combat pour la laïcité est souvent ridiculisé par ses adversaires, qui l’opposent aux problèmes sociaux comme le pouvoir d’achat ou les questions écologiques telles que le réchauffement climatique. La laïcité serait un combat minable d’arrière-garde qui nous détournerait des vraies priorités. Le combat pour la liberté n’est pourtant pas un combat désuet, car la laïcité, moyennant le respect de ses règles et de ses restrictions, apporte bien plus que la satisfaction de porter ce vêtement aussi laid que pathétique. Elle nous débarrasse des dogmes archaïques, des interdits spirituels primitifs afin de nous permettre de réfléchir, en totale liberté. Mais on se demande, quand on voit ces ados sur les réseaux sociaux qui réclament de porter ces signes religieux ridicules, si, au fond, la liberté de conscience n’est pas trop grande pour eux. Dès l’adolescence, ils se vautrent dans des religions d’un autre âge qui leur imposent des règles débiles, et pensent avoir atteint les sommets de la sagesse en s’y pliant. Alors que la liberté, la vraie, celle qui ose dire merde à Dieu, fait peur car elle nous met à l’épreuve de ce que nous sommes vraiment.

L’engouement pour le rigorisme religieux chez un certain nombre d’ados aujourd’hui n’est pas un signe de bonne santé politique ou philosophique. C’est plutôt le symptôme d’une médiocrité ambiante, d’une nullité intellectuelle de plus en plus revendiquée avec fierté, le tout décuplé par les réseaux sociaux dont le fonctionnement flatte immédiatement les comportements les plus abrutis."


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Voile, signes religieux à l’école dans Atteintes à la laïcité à l’école publique dans la rubrique Ecole (note de la rédaction CLR).


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