(Le Figaro, 26 juil. 23) 26 juillet 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "Le « vivre-ensemble », du mantra à la méthode Coué".
"[...] Léger retour en arrière, lorsque la notion apparaît pour l’une des premières fois en France dans le cadre des élections municipales de mars 1983. Survient un tremblement de terre : une liste inédite RPR-FN se constitue à Dreux (Eure-et-Loir). Une alliance électorale locale contre laquelle la maire PS Françoise Gaspard se pose en rempart, en nommant sa liste… « Vivre ensemble ». Un pari gagné à quelques voix près par la socialiste - avant une invalidation du scrutin -, qui rode alors sans le savoir le principal argumentaire du discours de sa famille politique pour les années à venir.
Lentement apparu au mitan des années 1990, « le vivre-ensemble », (le « le », est devenu partie intégrante du syntagme) connaît une véritable poussée à l’approche du XXIe siècle. Émeutes de 2005, attentat de 2015, à chaque fois que le « vivre-ensemble » se heurtait au réel, le concept s’en trouvait renforcé dans les discours publics. Idem avec les atteintes à la laïcité. Dans L’Archipel français (Éd. Seuil, 2019), Jérôme Fourquet documente d’ailleurs cet échec. Tirant la sonnette d’alarme, il décrit dans son ouvrage une France où des « populations vivent à l’écart les unes des autres, tout en entretenant bien sûr des rapports entre elles. » En posant le constat d’une « fragmentation progressive », et d’une « balkanisation », de la société, le sociologue doutait du « recours répétitif à l’expression de “vivre-ensemble” dans le discours officiel et médiatique (qui) sonnait comme une imprécation visant à conjurer le mauvais sort. »
Une analyse que partage la journaliste Anne Rosencher, auteur du livre Un chagrin français (Éd. de l’Observatoire, 2022). La notion a beau évoquer, pour elle, une « cohabitation de la diversité », l’essayiste n’y voit ironiquement qu’un « slogan de syndic de copropriété ». Et préfère les mots « citoyenneté » ou même « fraternité ». L’utilisation du « vivre-ensemble », dit-elle, « c’est justement l’échec de ce projet » de vivre ensemble. Alors que des replis identitaires labourent la société, « il faut dorénavant se séparer pour pouvoir cohabiter », déplore-t-elle. Et Anne Rosencher de mettre en garde contre un « usage politique » qui n’a « pas de sens ». « On a bricolé un terme pour masquer par quelque chose de positif et de fraternel la désagrégation de l’universalisme républicain. C’est en quelque sorte le “melting-pot” américain. Des identités qui cohabitent, mais c’est chacun chez soi, côte à côte. » Un risque théorisé en 2018 par l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, lorsqu’il a quitté la Place Beauvau, et mis en garde sur une France qui menace de ne plus vivre « côte à côte » mais « face à face ». [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse "Quand la « province » se mue en « territoires »" (Le Figaro, 24 juil. 23) dans le dossier Le Figaro "Mots à maux" (juil.-août 23) dans la rubrique Langue française, G. Collomb : Dans certains quartiers, « c’est plutôt la loi du plus fort qui s’impose, des narcotrafiquants, des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République » (3 oct. 18),
dans les Documents Ernest Renan : "Qu’est-ce qu’une nation ?" (1882) (note de la rédaction CLR).
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