Revue de presse

"Le recycleur Paprec inaugure la charte de la laïcité dans l’entreprise privée" (AFP, lepoint.fr , 10 fév. 14)

10 février 2014

"Le groupe, régulièrement salué comme un modèle dans le domaine de la diversité, officialisera mardi l’entrée en vigueur d’un texte de huit articles dans son règlement.

L’entreprise de recyclage Paprec a adopté, avec le soutien de ses 4 000 employés, une "charte de la laïcité" qui interdit le port de signes religieux, son P-DG revendiquant cette première en France comme un acte "militant" après la controverse "Baby-Loup". Le groupe privé basé en Seine-Saint-Denis, régulièrement salué comme un modèle en matière de diversité et de promotion sociale, notamment d’employés d’origine étrangère, va officialiser mardi l’entrée en vigueur d’un texte de huit articles dans son règlement intérieur. "J’applique le modèle qui prévaut dans la sphère publique et je l’applique à l’entreprise. J’applique le modèle de la République", a déclaré lors d’un entretien le patron de Paprec, Jean-Luc Petithuguenin.

Si l’essentiel du contenu de cette "charte" ne fait que rappeler des principes en vigueur du droit français, il reprend le "devoir de neutralité" religieuse ayant cours dans la sphère publique et prévoit aussi que "le port de signes ou tenues par lesquels les collaborateurs manifestent ostensiblement une appartenance religieuse n’est pas autorisé". Le fait religieux dans une entreprise privée relève de lignes juridiquement plus floues que dans l’espace public, autour du principe général de liberté de conscience.

"S’il s’agit de reconnaître que c’est militant, la réponse est oui", assume Jean-Luc Petithuguenin. "On compte défendre notre point de vue, défendre qu’on l’a votée tous ensemble. Mais effectivement, on prend le risque que les tribunaux nous disent vous avez tort", a-t-il reconnu. "Je suis prêt à endosser ce risque et j’espère pour mon pays que je ne serai pas condamné, qu’on verra une évolution et que le législateur fera peut-être bouger les lignes", dit le P-DG.

Jean-Luc Petithuguenin espère d’autant plus convaincre "qu’il est bien connu que je suis un militant antiraciste, pas un militant d’extrême droite". [...]

Chez Paprec, l’idée de la charte est née "en septembre" et son adoption s’est faite en quatre mois, avec l’aval unanime de l’ensemble du personnel et des comités d’entreprise. Miroslav Rancic, un élu ayant lui-même fui la guerre civile en ex-Yougoslavie, a expliqué comment il s’est "réjoui" de voir le texte adopté par son comité, constitué de "deux chrétiens et trois musulmans". "La laïcité, durablement, c’est un atout formidable pour promouvoir la diversité, même si, en instantané, on va peut-être avoir des gens qui vont trouver ceci ou cela", a fait valoir Jean-Luc Petithuguenin.

"Je vois très bien que si on laisse dériver les choses, les antagonismes vont monter. Or, ce pays de la défiance, de la montée des intégrismes et de l’extrême droite, je n’en veux pas. Je veux une République pacifiée, des gens qui vivent ensemble et qui se respectent. Et ce n’est pas un petit sujet, c’est un vrai sujet", dit-il.

"L’essentiel des patrons est sur une position qui est : évitons d’en parler, il n’y a pas de vrai sujet en France et que chacun se débrouille dans son coin. Moi, je ne le pense pas", tranche le patron de Paprec. Même si les litiges restent peu nombreux - Paprec lui-même dit n’avoir actuellement "aucun problème" lié à la religion en entreprise -, certains groupes (La Poste, EDF, Orange, IBM, Casino, RATP...) ont adopté des guides internes destinés à respecter la jurisprudence en vigueur.

L’Observatoire (gouvernemental) de la laïcité, qui a lui aussi publié son propre guide en décembre, a refusé de s’exprimer avant la présentation officielle de la charte par Paprec. [...]"

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