Revue de presse

Emerainville : “Le maillot de bain islamique interdit à la piscine” (Le Parisien, 12 août 09)

13 août 2009

"Carole voulait se baigner en « burkini », maillot de bain islamique. La direction de la piscine le lui a interdit. Une nouvelle affaire, deux mois après la polémique sur la burqa.

Deux mois après la fronde de 65 députés contre le port de la burqa en France, une nouvelle affaire est en passe de déclencher les foudres des défenseurs de la laïcité. Cette fois, la polémique n’a pas pris racine à l’Assemblée mais à Emerainville, petite commune de Seine-et-Marne.

C’est ici que le 1er août, Carole, musulmane de 35 ans, s’est vu refuser l’accès à la piscine par le maître nageur de service. Motif invoqué : la direction de la piscine n’accepte pas le « burkini », le maillot de bain islamique avec lequel elle souhaitait se baigner.

Après cette fin de non-recevoir, Carole s’est immédiatement rendue au commissariat de police de Noisiel pour déposer une main courante. Aujourd’hui, cette Française de souche, convertie à l’Islam depuis ses 17 ans, veut aller plus loin en déposant plainte auprès du procureur de la République de Meaux.

Carole avait pourtant déjà eu l’occasion de se baigner à la piscine d’Emerainville dans ce « burkini », composé d’un voile, d’une tunique et d’un pantalon, acheté lors de récentes vacances à Dubaï (Emirats arabes unis). « En le prenant, je m’étais dit que cela pouvait m’autoriser le plaisir de la baignade sans trop me découvrir, comme le recommande l’islam », souffle-t-elle..

Bien-sûr, la jeune femme se doutait bien que sa nouvelle tenue était susceptible de poser problème. « J’avais donc appelé plusieurs piscines du département, se souvient-elle. A la troisième, le maître nageur m’a demandé de venir le voir et de porter la tenue afin qu’il puisse se faire une idée. Il n’y voyait pas de problème, mais m’a prévenue qu’il n’était pas seul à décider. ».

Le 27 juillet, vêtue de ce maillot intégral, elle se met donc à l’eau... sous l’oeil médusé des autres baigneurs et recommence les jours suivants en compagnie de ses enfants. Elle achète même un abonnement de 10 heures à la piscine locale...dont l’accès lui a finalement été interdit le 1er août..

« Je comprends que ça puisse choquer, reconnaît la mère de famille. Surtout que nous sommes en France. Mais ce qui m’ennuie, c’est qu’on m’a fait comprendre qu’il s’agissait d’un problème politique. » Yannick Decompois, directeur général du syndicat d’agglomération nouvelle (San) de Marne-la-Vallée, qui gère les piscines du secteur, affirme de son côté que la question n’est pas là. « Il ne s’agit nullement d’un problème de laïcité, mais tout simplement d’hygiène, comme pour l’interdiction des shorts de bain », justifie-t-il. « Cette dame peut sans problème venir voilée à la bibliothèque. Nous n’y verrons aucun inconvénient. L’erreur est d’avoir laissé passer la chose à la piscine les premières fois. ».

Carole, elle, n’entend pas en rester là. Déterminée à saisir la justice, elle compte également alerter le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) et SOS Racisme. « Pour moi, c’est tout simplement de la ségrégation lance-t-elle. Je me battrai pour tenter de faire changer les choses. Et si je vois que la partie est perdue, je n’exclue pas de quitter la France. »."

Lire “Le maillot de bain islamique interdit à la piscine”.


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