Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

"[...] Retour en 1873, lorsque le comte de Chambord, par son entêtement à vouloir faire vivre le drapeau blanc de ses ancêtres contre le drapeau tricolore, fait échouer la restauration monarchique. En 1871, l’Assemblée élue est dominée par des monarchistes, néanmoins divisés entre orléanistes et légitimistes, alors qu’aucun ne dispose de la majorité absolue. On cherche Henri V. L’enjeu pour les deux bords est simple : atteindre la « fusion » – selon la formule de l’époque –, d’autant que le candidat est tout trouvé, puisque les princes d’Orléans ne revendiquent pas le trône. Ce sera donc le comte de Chambord. Demeurent néanmoins les divisions idéologiques et politiques. Monarchie constitutionnelle et libérale pour les orléanistes, pouvoir fort et hostile au parlementarisme pour les légitimistes. La majorité des royalistes se met pourtant d’accord sur une monarchie constitutionnelle, et n’importe quel animal politique normalement doué aurait pu plier le match.

Sauf que Chambord adresse le 5 juillet 1871 un manifeste aux Français dans lequel il montre son attachement au drapeau blanc, celui de la Restauration, et prononce cette phrase restée célèbre : « Je ne laisserai pas arracher de mes mains l’étendard d’Henri IV, de François Ier et de Jeanne d’Arc. […] Je l’ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi mon aïeul, mourant en exil ; il a toujours été pour moi inséparable du souvenir de la patrie absente ; il a flotté sur mon berceau, je veux qu’il ombrage ma tombe. »

Problème : même les plus fervents monarchistes ne le suivent pas dans cette voie, considérant que trop de Français ont versé leur sang pour le drapeau tricolore pour qu’on l’abandonne. Le président Mac-Mahon lui-même estime qu’il ne peut maintenir l’ordre dans l’armée si le « bleu-blanc-rouge » passe au blanc fleurdelisé. Le comte de Chambord ne régnera jamais, à cause, donc, d’une querelle de drapeau. Ainsi s’installa durablement la IIIe République.

Quand les républicains conquirent tous les pouvoirs en 1879, Chambord ne put que réfléchir à un coup d’État, espérant un soulèvement des catholiques, qui ne vint jamais. Le plus illustre royaliste de l’époque, le duc de Broglie, résuma comme il se doit la situation : « […] le premier, le plus grand, le seul vrai coupable, le véritable auteur de la République, c’est M. le comte de Chambord. Par deux fois ce prince si étrangement aveugle tint la monarchie dans sa main, et ne voulut pas l’ouvrir. On ne lui demandait que la plus insignifiante, la plus inoffensive, mais en même temps la plus indispensable des concessions. Il aima mieux rendre la monarchie impossible ». La plus insignifiante, cher duc ? [...]"

Lire "Le jour où… le drapeau français a permis de sauver la République".