Revue de presse

"Le groupe d’amitié France-Qatar à l’Assemblée dans la tourmente" (francetvinfo.fr , 20 oct. 16)

21 octobre 2016

Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Nos très chers Émirs, Michel Lafon, 2016.

"Les journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot affirment que plusieurs élus ont bénéficié des largesses de l’ancien ambassadeur qatari en France.

[...] Le nom de Nicolas Bays est notamment évoqué dans l’ouvrage. Le député PS aurait envoyé plusieurs textos – en vain – pour demander des avantages en liquide ou en nature, dont des billets d’avion pour le Qatar ou des chaussures de luxe. "L’ancien ambassadeur lui avait fait cadeau de chaussures de marque, affirmerait un proche de Meshaal Al-Tahini, cité dans le livre. Il pensait que Meshaal allait faire la même chose que son prédécesseur !" Mis en cause, l’élu s’est fendu d’un communiqué, dans lequel il nie ces accusations et évoque "deux cadeaux d’usage", qu’il a aussitôt signalés "à la déontologie de l’Assemblée nationale" conformément au règlement de cette dernière.

En 2016, l’insistance de Nicolas Bays aurait conduit le nouvel ambassadeur à l’éviter, poursuivent Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Le député aurait essayé, malgré tout, d’être reçu par le ministre de la Défense du Qatar. "Au courant des pratiques de son collègue, le président du groupe d’amitié France-Qatar, le député du Loir-et-Cher, Maurice Leroy, a rapporté ces dérives à Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale", affirme les auteurs dans le livre. Nicolas Bays assure que Claude Bartolone n’a jamais été informé "de prétendues dérives le concernant". Contacté par franceinfo, Maurice Leroy juge pourtant "exact" ce passage de l’ouvrage.

"Nicolas était très actif au démarrage du groupe, il avait de bonnes relations avec l’ancien ambassadeur, commente Alexis Bachelay, contacté par franceinfo. Il faisait partie de la commission Défense, stratégique avec ce pays. Mais c’est tout."

Selon le livre, Alexis Bachelay aurait "cherché des financements pour sa campagne des législatives auprès de l’ambassade du Qatar". Un passage qui le met en rogne. Il explique à franceinfo : "Le maximum pour une campagne, c’est 40 000 euros, dont la moitié est remboursée par l’Etat ! En 2012, j’ai emprunté 20 000 euros, avec aussi 8 000 ou 9 000 d’apport personnel et de militants. Les dons de particuliers sont limités à 7 500 euros. Ces journalistes ne savent même pas comment fonctionne une élection ! "

A l’Assemblée nationale, les cadeaux dont la valeur est supérieure à 150 euros doivent être déclarés. "Mais à Noël, Mohammed Kuwari offrait aux membres du groupe d’amitié France-Qatar à l’Assemblée nationale des montres Rolex ou des bons d’achats dans des grands magasins", affirment les deux journalistes, dont le montant serait allé "jusqu’à 5 000 ou 6 000 euros". Alexis Bachelay évoque simplement un colis alimentaire reçu deux années d’affilée – "je l’ai donné à une banque alimentaire, je peux encore m’offrir une bouteille de champagne" – ainsi qu’une invitation à la fête nationale du 18 décembre, ou des réceptions à l’ambassade ou à la résidence.

Secrétaire du groupe, Gérard Bapt, interrogé par franceinfo, ironise sur les sacs Vuitton dont il n’a jamais vu la couleur. Vice-président du groupe d’amitié, François Pupponi évoque aussi "deux corbeilles à Noël avec du foie gras, mais d’autres ambassades font ça". Le député PS veut saisir le bureau de l’Assemblée nationale et pourrait porter plainte contre les auteurs du livre, comme plusieurs élus contactés par franceinfo. [...]

Après la fin de l’année 2013, moment qui correspond au changement d’ambassadeur, ces pratiques auraient cessé. Jean-Vincent Placé se serait plaint "dans le carré VIP du PSG que l’ambassadeur actuel ne l’invite plus à des week-ends", écrivent les deux journalistes. Une accusation "lamentable", répond l’actuel secrétaire d’Etat à la Réforme de l’État. "Je n’ai jamais rien reçu et je n’ai dîné qu’une fois avec l’ancien ambassadeur, d’ailleurs sympathique."

Malgré le nouvel ambassadeur, certains élus auraient toujours le même appétit, écrivent Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Ainsi, ils affirment que le ministre PS Jean-Marie Le Guen, aurait proposé la signature d’un contrat entre l’actuel ambassadeur, Meshaal Al-Thani, et la société de communication ESL Networks, dirigée par l’un de ses proches. Grâce au concours du ministre, l’émirat aurait ainsi eu l’assurance d’être protégé à l’Assemblée et au Sénat, lors des questions dans l’hémicycle. L’affaire ne sera jamais conclue. Après la parution du livre, Jean-Marie Le Guen a annoncé qu’il portait plainte en diffamation contre les auteurs.

Composé de 54 élus, le groupe d’amitié France-Qatar fait régulièrement l’objet de soupçons, eu égard aux relations parfois sulfureuses entre la France et l’émirat. Lassé, le député François Pupponi, va démissionner de la vice-présidence : "Ma lettre est prête ; je ne veux pas qu’on pense que je suis aux frais de la princesse." Alexis Bachelay, lui non plus, ne compte pas rempiler en cas de réélection. "Je me suis posé plusieurs fois la question de démissionner à cause des rumeurs. Honnêtement, si c’était à refaire, je refuserais d’en prendre la vice-présidence.""

Lire "Le groupe d’amitié France-Qatar à l’Assemblée dans la tourmente après les accusations formulées dans un livre".



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