2 juin 2012
"L’acteur, qui prétend remettre de l’ordre dans une histoire qu’il estime « déséquilibrée », ne cesse d’étonner par ses choix. Il donne ainsi - entre autres - une place prépondérante aux rois et aux saints catholiques dans son récit, auxquels il oppose un peuple informe, jamais individualisé, destructeur, à l’image des révolutionnaires de l’An II. Pour célébrer ses héros couronnés, tout est bon à Lorànt Deutsch, y compris tordre la réalité. Le Louvre aurait été ainsi construit par le père de Clovis alors qu’il a été bâti sept siècles plus tard.
Pinaillage, nous répondra-t-on ! Non, car ce recours à l’invention par un auteur sans doute aveuglé par ses convictions catholiques et royalistes interroge les limites de l’Histoire. Si elle ne peut (et ne doit) pas être l’apanage des seuls historiens, si elle doit être vulgarisée, il est essentiel qu’elle obéisse à certaines règles scientifiques, dont la lecture et la critique des sources (presque jamais citées dans Métronome) restent la clef. Faire fi de ce principe, c’est laisser la porte ouverte à toutes les réécritures.
Métronome a bénéficié d’une absence totale de critiques. Ignoré par la plupart des spécialistes peu enclins à verser (faute de temps, de volonté, d’accès aux médias) dans l’exercice difficile de la vulgarisation, adoubé par des responsables politiques et scolaires - Lorànt Deutsch, se prétendant historien, est intervenu plusieurs fois devant des classes -, ce livre est en passe de faire autorité pour ses millions de lecteurs, autorité qu’il est de plus en plus difficile de remettre en cause depuis son adaptation télévisuelle en avril 2012 sur une chaîne de service public."
Lire "Le drôle de tempo du « Métronome » de Lorànt Deutsch".
Lire aussi, sur le site goliards.fr "Oups, j’ai marché dans Lorànt Deutsch", "Le « Métronome » de Lorànt Deutsch, un livre idéologique ?" (rue89.com , 20 mai 12) (note du CLR).
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