Le Droit de vivre (Licra)

Le Droit de vivre "Croyances religieuses et préjugés" (Le Droit de vivre, Licra, été 22)

Benoît Drouot, professeur agrégé d’histoire-géographie. 26 juin 2022

[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Les égalités réelles resteront une échéance lointaine tant que des préjugés sexistes, homophobes et racialisants seront ménagés au motif de leur fondement religieux. L’alibi de la croyance ne saurait être opposé à toute tentative de questionnement et de déconstruction.

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[...] Les trois monothéismes abrahamiques ont produit, via leurs sources scripturaires complétées de multiples élaborations théologiques et leurs pratiques politiques de contrôle social pluriséculaires, des croyances sources d’univers mentaux empreints d’intolérances, d’hostilités et de hiérarchisations des individus et des groupes. Le bornage des appartenances exclusives et excluantes (dont témoigne la fréquente prohibition, de jure ou de facto, des mariages interreligieux) qui en a résulté est allé de pair avec la désignation et la stigmatisation d’ennemis à humilier et à discriminer, à convertir et à combattre (le païen, l’infidèle, le mécréant, le polythéiste, le Sarrasin, le juif, le dénégateur, l’impur, l’athée, l’apostat, le sodomite…) au nom de la « vraie foi » versus la superstition, l’imposture, l’erreur et l’hérésie. [...]

Principe de séparation, la laïcité scolaire suppose une pédagogie du discernement rigoureux et sans faille entre le savoir et la croyance qui ne peut valoir injonction à l’abstention d’examen par le premier de la seconde. Mythologies et croyances religieuses doivent faire partie intégrante du champ d’investigation par le savoir scolaire. L’article 12 de la charte de la laïcité, affichée dans les écoles depuis 2013, est à ce sujet suffisamment transparent : « Aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. » Les croyances religieuses ont partie liée trop tangible avec les préjugés sexistes, homophobes et racialisants persistants pour s’exonérer d’une analyse critique, dans le cadre scolaire, de leurs responsabilités historiques.

L’école laïque ne restera fidèle à sa vocation émancipatrice qu’à la condition de ne pas se laisser abuser par la confusion qui s’est solidement installée entre respect des croyances et neutralisation de toute critique. Si l’homme « est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, [c’est] parce qu’on ne l’a jamais laissé en faire l’essai »11, écrivait Emmanuel Kant en 1784. Un siècle plus tard, au moment de poser les fondations d’une école laïque dégagée des dogmes théologico-religieux qui se dressaient avec résolution depuis 1789 contre les idéaux révolutionnaires, les républicains firent le pari kantien de l’émancipation par l’usage de la raison. La relativisation des croyances religieuses par le savoir critique rend moins probable l’absolutisation de la foi, marchepied vers le fanatisme. C’est pourquoi, alors que le radicalisme religieux redevient un horizon praticable, ce combat de l’émancipation par le savoir, inachevé, doit être poursuivi et renforcé. [...]"

Lire "Croyances religieuses et préjugés".


Voir aussi le dossier Le Droit de vivre (Licra), été 2022 dans Licra dans les Initiatives proches (note du CLR).


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