Revue de presse

"Le Danemark met fin à l’abattage rituel" (lemonde.fr , 18 fév. 14)

20 février 2014

"Au nom de la protection des animaux, le Danemark a rendu obligatoire, à compter du 17 février, l’assommage des animaux préalable à leur abattage, afin de limiter la souffrance. Ce décret revient à interdire l’abattage rituel tel qu’il est pratiqué par les juifs et les musulmans. Leurs représentants ont protesté en chœur à la télé danoise : atteinte à la liberté religieuse d’un côté, applaudissements de l’autre, car la viande halal dans des hôpitaux danois avait fait les gros titres à l’été 2013.

Conscient des risques de récupération, le ministre danois de l’agriculture, Dan Jorgensen, précise que « l’abattage halal demeure légal au Danemark, tant que l’animal est d’abord assommé ». Les importations d’animaux abattus sans assommage demeurent, elles, autorisées.

De grosses quantités de viande halal sont produites au Danemark et exportées dans les pays musulmans. Les abattoirs danois s’assurent simplement que les animaux, quoique assommés, sont encore vivants au moment d’être égorgés, ce qui leur permet de bénéficier du label halal. Ce procédé est admis par certains responsables religieux musulmans, à condition que chaque animal soit strictement contrôlé.

Mais le sérieux des contrôles a été remis en question ces dernières années tandis que des scandales récents, notamment du kebab contenant de la viande de porc, mobilisent les consommateurs musulmans. « Le gros problème avec la viande halal est l’absence de standards à ce jour, note Benyones Essabar, président de l’organisation Danish Halal, représentant cinquante-deux organisations musulmanes au Danemark. Du coup, n’importe qui peut mettre une étiquette halal sur de la viande dont on ne connaît pas toujours la provenance. »

Les pays musulmans se soucient du problème depuis peu, mais réclament désormais plus de transparence sur la viande halal. Au sein de l’Organisation de la conférence islamique, l’Institut de normalisation et de métrologie pour les pays islamiques (Smiic), dont l’un des sept comités techniques a pour mission de publier des standards sur la nourriture halal, n’a été créé qu’en 2010. Le siège du Smiic est à Istanbul, en Turquie, pays musulman où cette question est traitée avec le plus de rigueur, en raison notamment de l’importante production de viande halal.

Les enjeux sont énormes puisque ce marché se chiffrerait en plusieurs dizaines de milliards d’euros. L’adoption d’une norme halal unique favorisera le commerce, mais causera du tort aux pays exportateurs de viande halal avec assommage. D’autres vont y gagner.

« Avec l’industrialisation récente de certains pays musulmans, certains font de l’abattage avec étourdissement préalable pour toucher les marchés européens, souligne Fouad Imarraine, porte-parole d’AVS, organisme français de certification halal. Mais des citoyens d’Etats musulmans commencent à réagir à ça. » Derrière les manifestations identitaires en Europe figurent d’autres enjeux à l’échelle planétaire : « On y trouve de gros intérêts financiers, des postures religieuses et des enjeux de pouvoir dans les pays musulmans si les consommateurs se mobilisent », explique Fouad Imarraine."

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