14 avril 2016
"Le Conseil supérieur de l’audiovisuel déplore que le journaliste de France 2 n’ait pas mentionné le passé militant de Wiam Berhouma.
Jeudi 21 janvier, David Pujadas recevait sur le plateau de Des paroles et des actes Alain Finkielkraut et Daniel Cohn-Bendit, venus débattre sur l’avenir de la France. Au cours de l’émission politique de France 2, le philosophe avait été vivement interpellé par une professeure d’anglais. En effet, pendant plusieurs longues minutes, Wiam Berhouma avait reproché à Alain Finkielkraut ses différentes déclarations sur l’Islam et les musulmans tout en l’empêchant de s’exprimer.
« Là où votre rôle d’intellectuel était d’éclairer les débats, vous avez au contraire, obscurci nos pensées, nos esprits avec tout un tas de théories vaseuses et très approximatives, je tiens à la dire », avait notamment déclaré la jeune femme avant de conclure de manière virulente : « Il y a une vidéo qui tourne sur Internet où vous criez à M. [Abdel Raouf] Dafri [scénariste français, ndr] : “Taisez-vous, taisez-vous”. Pour le bien de la France, je vous dis la même chose : taisez-vous M. Finkielkraut ». Un passage qui, il y a trois mois, avait fait des vagues.
Suite à l’intervention de Wiam Berhouma, un très grand nombre de téléspectateurs, vraisemblablement déçus que le parcours militant de la jeune femme n’ait pas été mentionné au moment de son passage dans Des paroles et des actes, ont décidé d’alerter le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Et pour cause. Après enquête, la professeure d’anglais a été candidate aux élections régionales en décembre 2015 en Île-de-France sur la liste d’Union citoyenne. De plus, sur une photo publiée rapidement sur les réseaux sociaux, Wiam Berhouma apparaît clairement en tête de cortège d’une manifestation organisée par le parti des Indigènes de la République.
À la suite d’une assemblée plénière, le CSA a donc décidé d’interpeller David Pujadas et France Télévisions. Ainsi, le Conseil « regrette que le journaliste qui menait le débat n’ait pas fait état des éléments permettant de considérer que l’intervenante avait un engagement militant sur le sujet abordé lors du débat, alors qu’une telle information, dans le cadre d’une émission politique abordant des sujets controversés, aurait été utile pour la bonne compréhension des enjeux par le téléspectateur ». Quant au groupe audiovisuel public, le CSA a demandé à ses responsables « de veiller à respecter, à l’avenir, leurs obligations en matière de rigueur dans la présentation et le traitement de l’information, prévues à l’article 35 de son cahier des charges ».
Peu après son passage dans Des paroles et des actes, Alain Finkielkraut était revenu sur cette altercation. Invité de Polonium sur Paris Première, l’Académicien avait pris la défense de David Pujadas et du producteur de l’émission politique. « David Pujadas était très gêné et je pense qu’il a lui-même été dépassé, a confié le philosophe. [...] Le producteur m’a dit qu’elle les a roulés dans la farine, qu’elle s’était présentée comme une jeune professeure d’anglais qui disait que mes propos pouvaient provoquer le trouble, que je ne me rendais pas compte, etc. et qu’elle voulait dialoguer avec moi pour me le dire. Donc aussi bien lui que David Pujadas se sont sentis piégés et ils étaient désolés de ce qu’il s’est passé. Moi je n’ai pas fait d’enquête. Est-ce que tout le monde était dans le même cas à France 2 ou non, je n’en sais rien. »"
Lire "Des paroles et des actes : le CSA interpelle David Pujadas et France Télévisions".
Lire aussi "Face à Finkielkraut dans DPDA, une intervenante pas si neutre" (marianne.net , 22 jan. 16) (note du CLR).
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