17 mai 2017
"Contrairement aux salafistes qui sont trop directs, les Frères musulmans ont choisi une stratégie simple et efficace : se servir de nos valeurs et concepts pour les redéfinir à leur convenance afin, ensuite, de mieux les retourner contre la République. C’est ce que j’appelle la rhétorique d’inversion. [...]
La modération ne se mesure pas au degré de la pratique du culte mais à son approche. Un musulman modéré considère que la religion ne se porte pas sur la tête avec un voile ou des vêtements masculins souhaitant imiter les bédouins salafis, car l’islam n’est pas une mode et relève de l’intime. Un musulman modéré considère que la religion, c’est uniquement à la maison et à la mosquée. Un musulman modéré ne va pas nommer « frère » ou « sœur » un(e) coreligionnaire qui n’est pas biologiquement de sa famille. Un musulman modéré considère son pays et ses lois supérieurs à la Oumma et aux lois religieuses. Un musulman modéré se sentira autant concerné par les drames tibétains et d’ailleurs que par celui des Palestiniens. Un musulman modéré considère le voile comme un manque de respect envers les femmes, mais aussi un manque de respect envers l’islam et son Prophète car il estime que ce sexisme est contraire à sa religion. Un musulman modéré ne mesurera pas la pudeur d’une femme aux centimètres carrés d’un morceau de tissu sur la tête et en se servant, en plus, de la religion comme prétexte ; la pudeur relevant de son langage, de son attitude et concerne garçons et filles exactement de la même façon ; dire « wallah, Haqq Rabbî, la Mecque » toutes les cinq minutes est bien plus impudique que trois mèches de cheveux au vent. Un musulman modéré ne se sent donc pas visé par les lois de 2004 (sur les signes religieux à l’école) et 2010 (sur le voile intégral). Il les considère même comme parfaitement justifiées. Un musulman modéré ne se sent pas insulté par les caricatures d’intégristes ou même du Prophète. Car ce serait de l’idolâtrie, ce qui est un pêché en islam. Seul Dieu peut être adoré et vénéré ; tout en sachant aussi que la liberté d’expression est un bien précieux qui ne doit jamais être remis en question au nom du sacré. Enfin, un musulman modéré regrette la « salafisation » de sa religion et en souhaite ardemment une réforme progressiste. Car, contrairement aux intégristes, il interprète ses textes sacrés dans leur esprit, non pas à la lettre. [...]
Si un animateur télé-humoriste « blanc » (pour reprendre le déterminisme du PIR) et au nom bien franchouillard affirmait son intégrisme catholique et le faisait passer pour le véritable catholicisme, s’il mettait régulièrement en avant ses convictions religieuses et en faisait un outil politique, s’il se définissait constamment comme chrétien plutôt que de le garder dans son intimité, s’il ne voyait aucun problème et même défendait une forme d’asservissement de la femme (par le voile ou autre) en arguant Jésus ou les Épîtres aux Corinthiens de Saint-Paul plutôt que les valeurs républicaines, s’il accusait de blasphémateur ou de raciste toute personne critique envers son idéologie (équivalent de « islamophobe »), comment réagirions-nous ? La réponse qui vous vient à l’esprit doit être appliquée sans faille aux islamistes…"
Lire "Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (4e partie) - Naëm Bestandji".
Voir aussi VIDEO "Islamisme, avons-nous été trop Bisounours ?" (A. El Khatmi, G.-W. Goldnadel, C8 , 11 mars 17), "Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (3)" (N. Bestandji, VLR, 1er mai 17), "Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (2)" (N. Bestandji, VLR, 24 av. 17), "Le CCIF, fleuron de la nouvelle extrême droite française (1)" (N. Bestandji, VLR, 17 av. 17) (note du CLR).
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