Revue de presse

"Le Canada découvre le péril islamiste" (Le Figaro, 24 oct. 14)

26 octobre 2014

"Considéré comme potentiellement dangereux, le tireur du Parlement fédéral était dans la ligne de mire des autorités.

Michael Zehaf-Bibeau visait le cœur du pouvoir canadien. Le Parlement fédéral d’Ottawa, où, deux semaines auparavant, les députés avaient voté l’entrée en guerre du Canada contre la mouvance djihadiste Daech au Moyen-Orient, dans le cadre de la coalition internationale rassemblée par les États-Unis. Ce Québécois de 32 ans, petit délinquant d’origine libyenne fraîchement converti à l’islam et renommé « Abdul » Zehaf-Bibeau, a été abattu dans les couloirs du Parlement, alors qu’il semblait vouloir s’en prendre aux membres du gouvernement claquemurés avec les membres de leurs partis respectifs. Parmi les assiégés se trouvait le premier ministre, Stephen Harper, lui-même.

Harper était-il la cible privilégiée de Zehaf-Bibeau ? La présence du chef du gouvernement canadien sur la colline fédérale d’Ottawa n’avait rien d’un secret d’État. Pourquoi dans ces conditions s’en est-il pris à une sentinelle désarmée, le caporal Nathan Cirillo, devant la tombe du Soldat inconnu, plutôt que de pénétrer discrètement dans le Parlement et bénéficier d’un effet de surprise maximum ?

Jeudi matin, les médias américains titraient sur « la fin de l’innocence » pour leur voisin du Nord, habituellement considéré comme un havre de paix et de stabilité sur le continent, théoriquement moins exposé aux soubresauts de la politique internationale. Mais depuis le 7 octobre et le vote du Parlement sur l’entrée dans la coalition anti-Daech, tout avait changé. Les services de renseignements canadiens avaient relevé le niveau d’alerte terroriste de « faible » à « moyen », redoutant plus que tout l’action d’un parfait inconnu contre un passant dans une rue encombrée, voire un assaut contre un bâtiment officiel.

L’attaque d’Ottawa s’est produite 48 heures à peine après l’attentat d’un autre « loup solitaire », Martin « Ahmad » Rouleau-Couture, contre deux soldats canadiens sur un parking près de Montréal. Percuté de plein fouet par la voiture de Rouleau-Couture, l’un des deux engagés n’avait pas survécu à ses blessures. Rouleau-Couture devait être abattu par les policiers après une course-poursuite de 40 km sur les autoroutes québécoises.

Officiellement, les forces de sécurité canadiennes disaient suivre quatre-vingts « individus à hauts risques », radicalisés et revenus au pays après s’être rendus à l’étranger, selon Michel Coulombe, le directeur du Csis, le service de renseignements canadiens. En coulisses, des responsables canadiens avaient cependant confié à leurs homologues américains du FBI qu’ils surveillaient « plusieurs centaines d’individus » potentiellement dangereux, présents sur le territoire.

Rouleau-Couture et Zehaf-Bibeau faisaient partie de ces suspects. Le premier, âgé de 25 ans et aveuglé par la cause islamiste, avait été refoulé dans un aéroport de Montréal en juillet, après avoir tenté de s’embarquer pour la Turquie, où il aurait vraisemblablement été pris en charge par un groupe djihadiste pour aller combattre en Syrie.

Né au Québec en 1982 et fiché par la police pour des affaires de drogue, Zehaf-Bibeau s’était vu confisquer son passeport, comme Rouleau-Couture, après avoir établi un contact avec des islamistes en Syrie.

Aucun des deux convertis, en rupture de ban avec la société égalitaire canadienne, n’avait été arrêté, les autorités affirmant ne pas disposer de preuves suffisantes pour les placer derrière les barreaux, comme l’a confirmé le commissaire Bob Paulson, de la police montée canadienne (RCMP).

Ils ne sont pas les premiers ressortissants canadiens à mourir pour une cause obscure, au nom d’une idéologie indéfendable : plusieurs auraient été tués au combat en Syrie, sur la trentaine de Canadiens qui s’y seraient rendus depuis trois ans. Deux autres, Xris Katsiroubas et Ali Medlej, sont décédés lors de l’assaut contre la raffinerie Total d’In Amenas en Algérie, en janvier 2013. Amis de lycée, ils avaient « basculé » en 2011 pour rejoindre un camp d’entraînement d’al-Qaida au Mali. Eux aussi, comme les âmes égarées d’Ottawa et de Montréal, se rêvaient une fin de « martyrs »."

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