16 décembre 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"D’après les informations de L’Express, plusieurs ministres ont découvert après coup la signature d’une convention sur la formation à la laïcité avec des prestataires contestés.
Par Eric Mandonnet
Lire "Laïcité : le gouvernement encore rattrapé par ses ambiguïtés".
"Comme d’habitude, Emmanuel Macron met ses œufs laïcs dans tous les paniers", s’inquiète un observateur attentif du dossier. Car un geste passe mal, y compris au gouvernement. Le 5 décembre, le ministre de la Ville, Olivier Klein, signe une convention avec quatre grandes fédérations de l’éducation populaire pour promouvoir, selon les termes du communiqué, "une laïcité qui protège, un bouclier plutôt qu’un glaive". L’opération s’effectue dans le cadre du plan de formation "Valeurs de la République et laïcité", ce programme, né après les attentats de 2015, qui s’adresse aux professionnels de terrain, chargés des secteurs de la ville, de la jeunesse et sports (agents de l’État ou des collectivités territoriales, salariés ou bénévoles associatifs) et a désormais l’objectif d’en former 40 000 par an.
Or parmi les signataires figure la Ligue de l’enseignement, une fédération d’associations qui défend plutôt une laïcité dite "plurielle" ou "ouverte", autrement dit accommodante depuis la fameuse affaire du voile au lycée de Creil en 1989, et qui a émis plus que des réserves sur la loi contre le séparatisme portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. "On reconduit des partenariats historiques sans mener d’évaluation critique et on continue ainsi de s’adresser à des prestataires qui ne partagent pas forcément les mêmes objectifs que l’Etat", pointe un spécialiste de ces questions.
Alors que de nombreuses directions de ministères sont concernées, certains membres du gouvernement ont découvert l’initiative d’Olivier Klein après coup. C’est le cas du ministre de la Fonction publique Stanislas Guérini, de la secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse Sarah El Haïry ou de la secrétaire d’Etat à la citoyenneté Sonia Backès – les trois l’ont confirmé à L’Express. De même, le conseil des sages et des valeurs de la République, qu’abrite le ministère de l’Education nationale (le successeur de l’Observatoire de la laïcité), n’avait été ni consulté ni même informé. "On serait en droit d’attendre un minimum de coordination et de cohérence, c’est ce dont nous souffrons le plus", pointe l’un de ses membres. [...]
Où l’on retrouve les ambiguïtés propres à Emmanuel Macron lui-même. L’Express avait raconté ce dîner du 1er décembre 2020, au cours duquel le président s’entretient avec trois intellectuels, Olivier Mongin, François Dosse et Olivier Abel. La laïcité s’invite dès le hors-d’œuvre, quand Abel pique : "Les états généraux de la laïcité, la dissolution de l’Observatoire de la laïcité... Marlène Schiappa est allée trop loin sur les questions religieuses, elle en devient agressive." L’ombre de Paul Ricoeur planera sur tout le repas. Aujourd’hui encore la lumière n’est pas faite sur la définition même que l’exécutif donne à la laïcité, telle qu’elle doit être et donc telle qu’elle devrait être enseignée."
Voir aussi dans la Revue de presse "Une charge contre la laïcité en plein service civique" (charliehebdo.fr , 15 déc. 22), le dossier Rencontres des jeunes des centres sociaux (Poitiers, oct. 20) (note du CLR)
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