Revue de presse

"Laïcité à l’école : une charte à l’épreuve du terrain" (lefigaro.fr , 27 août 13)

29 août 2013

"[...] Annoncée dès décembre 2012 par le ministre devant le Haut Conseil à l’intégration (HCI), cette charte sera officiellement dévoilée dans sa version définitive d’ici à une quinzaine de jours, dix jours après la rentrée. En tout état de cause, elle est le résultat d’un travail mené de février à juin par des membres de la commission laïcité du HCI et des inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, et validé le 10 juillet par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE).

Le document, qu’a consulté Le Figaro, rappelle les droits et devoirs de chacun dans « une République indivisible, laïque, démocratique et sociale » qui « respecte toutes les croyances », de la neutralité des personnels à l’interdiction de signes ou tenues manifestant une appartenance religieuse (conformément à la loi de 2004), en passant par le caractère laïque des enseignements, qui ne peuvent être contestés sur des motifs religieux. Les sciences de la vie et de la terre (SVT) sont régulièrement remises en cause, et notamment la théorie de l’évolution selon Darwin.

Le texte ne s’aventure pas sur le sujet des parents accompagnateurs de sorties scolaires. Et pour cause. En 2011, le tribunal administratif de Montreuil avait rejeté le recours d’une mère contre le ­règlement intérieur d’une école interdisant aux femmes voilées d’accompagner les sorties scolaires. Mais ce principe de « neutralité » reste à confirmer par le Conseil d’État.

Si l’idée d’une telle charte fait consensus au-delà des clivages politiques - Luc Chatel a salué l’initiative -, tout le défi consistera à dépasser le symbole. « Le problème, c’est le service après-vente », résume Jean-Louis Auduc, ancien directeur d’IUFM et spécialiste de la laïcité à l’école. « Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens de la valeur de la laïcité », explique le document. Cette charte n’aura donc de sens que si ces personnels s’en emparent. Une question qui pose, en amont, celle de la pertinence des enseignants sur ce délicat sujet et leur capacité à « établir la différence entre le culturel et le cultuel », selon les mots de Jean-Louis Auduc, qui décrit des professeurs démunis face à cette question.

Sur le terrain, si le nombre de conseils de discipline liés au port de tenues et signes religieux a diminué, des tentatives de contournement se font jour, avec des jeunes filles qui, en terminale, arborent les abayas - ces vêtements portés « au-dessus des autres » chez les musulmans. Quant à la cantine, elle fait régulièrement l’objet de tensions. « Les situations ne sont pas suffisamment prévenues », estime Jean-Louis Auduc, qui rappelle au passage qu’en 2014 le ramadan débutera le 28 juin, pendant les examens universitaires…

À l’Unsa, Christian Chevalier voit dans cette charte « un rappel sain au moment où la laïcité est instrumentalisée », mais s’interroge sur « les outils pédagogiques mis à disposition des enseignants ». Mêmes interrogations du côté du syndicat des personnels de direction, le SNPDEN. Son secrétaire général, Philippe Tournier, décrit la schizophrénie entre ces grands principes et une carte scolaire qui « accentue les phénomènes communautaristes et ethniques ».« Aujourd’hui, l’école est moins mixte que les quartiers où elle se trouve », lâche-t-il, regrettant que l’actuel ministre ne se soit pas encore réellement penché sur la question. [...]"

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