Revue de presse

"Laïcité à l’école : l’audition choc de Jean-Pierre Obin deux jours avant l’attentat" (lefigaro.fr , 21 oct. 20)

Jean-Pierre Obin, ancien Inspecteur général de l’Éducation nationale, Prix national de la Laïcité 2018. 9 novembre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"« Il faut arrêter de livrer les enseignants désarmés à des organisations déterminées et outillées pour attaquer la République », avait dit l’ancien inspecteur devant des députés LR.

Par Jean Chichizola

« Dans l’école, nous devons donner les moyens aux enseignants en première ligne. Il faut arrêter de [les] livrer désarmés à des organisations déterminées et outillées pour attaquer la République ». Cet avertissement de Jean-Pierre Obin, ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, a été délivré non dans le tourbillon médiatique de l’après-16 octobre. Mais deux jours avant la décapitation de Samuel Paty dans le calme et la discrétion d’une salle de l’Assemblée nationale. Et ces mots en prennent bien sûr plus de force encore. Car ce 14 octobre est déjà une époque lointaine, où certains reprochaient à Obin, comme ils le feront sans doute de nouveau dans quelques semaines, d’en faire trop. Une époque où d’aucuns dissertaient sur un terrorisme affaibli. Une époque où Samuel Paty ne se savait pas condamné à mort par Abdoulakh Anzorov pour avoir « insulté le prophète ».

Ce jour-là, le groupe de travail des députés LR reçoit donc Jean-Pierre Obin. Tous les mercredis, les élus d’opposition auditionnent des experts pour peaufiner leurs propositions dans le futur débat parlementaire sur le projet de loi séparatisme. L’intervention, mesurée et documentée, de l’ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, dont Le Figaro a pu consulter le compte rendu, a aussi des airs de réquisitoire.

Il commence d’abord par souligner que « les atteintes à la laïcité dans l’éducation nationale sont un phénomène documenté ». Et d’estimer au passage, ce que conteste aujourd’hui l’ancien premier ministre, que « [son] rapport de 2004 commandé par Xavier Darcos a été enterré par François Fillon » et « n’a été exhumé qu’après les attentats de 2015 ». Il reprend ensuite une série d’études d’opinion rendues publiques et analysées au fil des ans mais qui, rassemblées, prennent tout leur sens. Comme le « sondage Ifop de 2018 pour Action laïque » : « 38% des enseignants déclarent se censurer en cours (57% en zone prioritaire), 80% constatent une intolérance entre les élèves, 31% ont constaté des faits / paroles / conflits sur fond d’antisémitisme et 28% des faits de prosélytisme ».

« Maintenant que le constat est dressé, note Jean-Pierre Obin, qui est responsable ? ». Et il dénonce « d’abord une responsabilité politique : les gouvernements qui se sont succédé et ont mis la poussière sous le tapis, de droite comme de gauche ». « Il y a ensuite une responsabilité institutionnelle, poursuit-il : professeurs, chefs d’établissements, parents d’élèves, administration de l’Éducation nationale… Pour les professeurs, cette responsabilité s’explique et se retrouve notamment à travers leur désarroi et leurs conceptions approximatives de la laïcité, où il n’y a pas d’unité et beaucoup d’hésitations, pour ne pas dire d’incompétence face aux élèves ». Avec une note particulière pour « la responsabilité des chefs d’établissements », qui s’expliquerait par « le fait qu’ils pensent que leur mission consiste à maintenir la paix. Une autre explication est qu’ils tiennent à assurer la bonne réputation de leur établissement, quitte à taire et faire taire les problèmes qui pourraient y avoir (ce qui a entraîné le phénomène #PasDeVague). » Enfin la responsabilité des parents est engagée car, « désormais, pour eux, la bonne école est celle où leur enfant sera en sécurité » d’où la mise en place « de stratégies d’évitement, comme les déménagements ».

Sur les écoles hors contrat musulmanes, Jean-Pierre Obin estime que « la question se posera nécessairement sur la constitutionnalité de la loi, notamment en ce qui concerne l’arbitrage entre la liberté et l’intérêt supérieur de l’enfant, qui sont toutes deux des notions à valeur constitutionnelle ». Le député des Bouches-du-Rhône, Éric Diard, auteur d’un rapport sur les services publics face à la radicalisation, note que la Seine-Saint-Denis compte 6 000 élèves dans des écoles musulmanes privées hors contrat contre zéro en 2013.

Et il interroge l’ancien inspecteur général sur « un entrisme religieux permanent dans certaines écoles ». « Sur cette question, répond Jean-Pierre Obin, il faut un débat parlementaire au sujet de l’entrisme des Frères musulmans et notamment sur la question des accompagnatrices voilées » où il convient de « distinguer les mères de bonne foi et les femmes prosélytes ». « C’est là le rôle des directeurs d’école, précise-t-il, mais ils sont sous pression : s’ils interdisent le voile à une femme prosélyte ou militante, elle saisira le CCIF qui ira devant le tribunal administratif. Il faut donner aux parents accompagnateurs le statut de collaborateur bénévole du service public, ce qui mettra fin au processus d’entrisme des Frères musulmans et des prosélytes dans l’éducation nationale par la voie des accompagnateurs ». Et de noter, en ce 14 octobre 2020, que « la FCPE est elle-même tombée dans l’escarcelle islamiste, car son président a clairement dit que les parents accompagnateurs ont le droit d’être prosélytes… Et il a juridiquement raison ! »."

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Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Atteintes à la laïcité à l’école publique (note du CLR).


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