Forces laïques

"La Turquie en marche vers une république islamique ?" (Forces laïques, 2 août 17)

2 août 2017

"En 2014, l’AKP, le Parti de la justice et du développement de l’actuel président Erdogan déposait un projet de loi permettant de relâcher les coupables d’abus sexuels sur mineurs à condition que l’agresseur épouse la victime. En 2015, la Cour constitutionnelle de Turquie a annulé la loi qui interdisait la célébration du mariage religieux avant le mariage civil. En 2017, les références à la théorie évolutionniste sont supprimées dans le nouveau programme scolaire. Samedi dernier, les femmes turques manifestaient par milliers pour leur liberté vestimentaire, scandant "Ne te mêle pas de mon foulard, short, vêtement". Pire encore, Ankara a progressivement annulé l’interdiction du port du voile dans les institutions de la République turque.

Aujourd’hui, l’on apprend que le parti au pouvoir défend un nouveau projet de loi permettant aux leaders religieux, dont les muftis, qui sont employés par le Département des affaires religieuses, de bientôt célébrer des mariages. Les Turcs auront le choix entre mariage civil et religieux. La mise au premier plan du mariage religieux implique les conséquences que l’on sait, à commencer par la polygamie, le mariage forcé d’adultes et d’enfants mineurs, la suppression des droits de succession, de la pension alimentaire et autres aides qu’obtiennent les couples mariés civilement. Dès lors, l’on peut s’interroger sur l’islamisation de la Turquie.

Forces Laïques s’inquiète de cette nouvelle tentative du parti au pouvoir turc de vouloir imposer un changement de mentalité et le retour à l’obscurantisme dans un pays laïque depuis bientôt un siècle. Le corollaire avec la France se justifie par trois évènements majeurs, passés quasiment inaperçus, et que nous avions précédemment dénoncés.

Le premier fut la nomination du Franco-Turc Harmet Ogras à la tête du Conseil Français du Culte Musulman de France, un proche d’Erdogan. Les Frères musulmans (parti politique prônant l’islamisation par le bas, de la famille jusqu’à l’ensemble de la société et de l’État), ayant trouvé majoritairement refuge en Turquie après la révolution égyptienne de 2013, n’y seraient d’ailleurs pas étrangers. Notamment, ce nouveau leader s’est déclaré en faveur des prêches d’imams étrangers détachés en France, contre l’avis de son prédécesseur, ce qui dénote une volonté politique majeure de communautarisation aux dépends de l’individu.

Le second, fut le soutien appuyé d’Emmanuel Macron à ce même individu à l’occasion d’un dîner marquant la rupture du jeune de l’iftar, le 20 juin, en compagnie de Gérard Colomb, ministre de l’Intérieur.

Le troisième fut l’apparition de candidats du "Parti Égalité Justice", aux élections législatives françaises de juin dernier. Cette organisation politique serait la branche française de l’AKP, selon les déclarations du secrétaire général du PCF.

Forces Laïques rappelle son attachement aux valeurs fondamentales qui permettent à tout être humain de vivre en paix dans son pays et dans le monde, sans contrainte spirituelle ni oppression religieuse. D’un côté, la Turquie troque sa république laïque contre une république islamique. D’un autre, la France, si elle n’y prend garde, pourrait voir, elle aussi, ses fondements républicains s’éroder sous la pression d’un islam politique, fortement influencé par cette dernière, à force d’en avoir sous-estimé les dangers, malgré les nombreuses alertes émises par les laïques .

Au-delà de ses craintes légitimes face à un retour progressif de la Turquie à des temps moyenâgeux, Forces Laïques s’étonne du manque de réactions de la classe politique française et plus encore de celle de l’exécutif. Nous appellons le président Macron et son gouvernement à la plus grande vigilance face à une idéologie violente et privative de liberté. Notre devoir collectif est de protéger les Françaises et les Français de ces bouleversements culturels et idéologiques.

Laurence Taillade
Présidente de Forces Laïques
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