Culture / Cinéma

La terre des hommes - La lutte d’une paysanne (G. Durand)

par Gérard Durand. 29 août 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

La terre des hommes, de Naël Marandin (1 h 36), avec Anne Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet. Sorti le 25 août 21.

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Qui a dit qu’il ne se passe rien dans nos campagnes ? C’est tout au contraire un monde très structuré et fortement administré. L’agriculture est grande consommatrice de capitaux et il n’est pas facile de les obtenir sauf à avoir un dossier très bien ficelé et surtout les bonnes personnes pour le présenter. C’est aussi un métier d’hommes et de notables. Etre président d’un syndicat ou d’une société d’aménagement (Safer) vous ouvre bien des portes et, comme il s’agit de fonctions électives, la lutte est féroce pour s’asseoir dans un fauteuil de président. Les femmes qui y parviennent sont une infime minorité.

Le cadre est posé, Constance (Anne Rouxel) veut reprendre la ferme de son père (Olivier Gourmet) avant quelle ne soit vendue pour cause de faillite. Elle est aidée par son fiancé et l’un des notables (Jalil Lespert) de ce coin de Bourgogne qui lui apporte tout son appui. Les experts ayant consulté le dossier l’ont trouvé très solide et son acceptation par la Safer, qui conditionne les financements, semble une simple formalité. Les améliorations prévues par Constance devant apporter à la ferme les ressources additionnelles qui font défaut.

Mais rien ne se passe comme prévu. Le dossier est refusé. Constance s’effondre dans les bras de son ami, notable, qui, comme elle est fort jolie, ne résiste pas à lui manifester son désir. La situation n’est cependant pas désespérée : sous réserve que de nouvelles étapes administratives soient franchies, le dossier peut encore être sauvé. Constance croit encore à la sincérité de son mentor, elle se rend chez lui, mais, désemparée et partagée entre sa farouche volonté de sauver sa ferme et le désir de l’homme qu’elle croit encore capable de l’aider, elle finit par céder pour une brève étreinte.

Elle va connaître une série de péripéties, tant dans la défense de son dossier que dans le cheminement de la plainte pour viol qu’elle finit par déposer après s’être ressaisie. Il serait mal venu de raconter la suite car le « suspense » tient le spectateur en haleine jusqu’aux dernières minutes.

Les acteurs, et tout particulièrement Anne Rouxel, sont formidables. Ils rendent crédibles des évènements touchant à deux problèmes essentiels de notre époque.
L’avenir de notre agriculture, ce dont l’immense majorité des français se moquent éperdument, jusqu’au moment ou ce problème leur reviendra en pleine face.
Le rôle des femmes dans des activités où les hommes sont ultra dominants et ne reculent devant aucun abus.

Une image m’a particulièrement frappé, celle ou Constance est vue de dos marchant aux cotés d’un (très) gros exploitant. Silhouette fluette, elle semble minuscule à coté de ce géant. Peut être un symbole, voulu par le réalisateur, sur l’inégalité des chances.

Ce film nous offre de riches enseignements sur notre époque.
A voir sans hésiter.

Gérard Durand


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