“La statistique ethnique fait ses premiers pas” (Libération, 24 oct. 07)

novembre 2007

"Drôle de télescopage. Au moment du vote définitif de la loi Hortefeux dont un amendement encadre « la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination, et de l’intégration » (lire ci-contre), la polémique repart de plus belle autour d’une étude exceptionnelle copilotée par l’Insee et l’Ined (Institut national des études démographiques) intitulée « Trajectoires et origines ». L’enquête qui débutera début 2008 auprès de 24 000 personnes n’avait pas besoin de l’amendement pour exister. Mais elle est violemment (et opportunément) attaquée par SOS Racisme : « Je refuse que l’Etat me réclame ma couleur de peau, mon origine et ma religion, celle de ma femme, de ma mère, de mon père, pour diagnostiquer ma vie en fonction de ces critères de l’époque coloniale », écrit ainsi Samuel Thomas, son vice-président. Cette collision montre en tout cas qu’en France (contrairement aux autres pays de l’Union européenne), la question des statistiques ethniques demeure douloureuse même si elle est de moins en moins taboue.

Ainsi, voilà deux ans qu’une équipe de chercheurs travaille avec précaution à une vaste enquête sur la diversité des origines. La dernière étude de grande ampleur sur les parcours migratoires et l’intégration remontait à 1992. Les démographes veulent « chercher dans quelle mesure l’origine est en soi un facteur d’inégalités ou simplement de spécificités dans l’accès à différentes ressources de la vie sociale (logement, langue et éducation, emploi, loisirs, services publics, contraception.). »

Parmi les 125 pages du questionnaire, les chercheurs ont glissé des questions « sensibles » :

« En pensant à votre histoire familiale, de quelle(s) origine(s) vous diriez-vous ? » « De quelle(s) couleur(s) vous diriez-vous ? » « Avez-vous une religion ? Laquelle ? » Ou encore : « Dans votre vie quotidienne, portez-vous en public un vêtement ou un bijou qui peut évoquer votre religion ? » Tout cela a été soumis à trois reprises à la Cnis (la commission nationale de l’information statistique), donnant lieu à de longs débats et à quelques modifications. Les questions sur l’origine étaient par exemple suivies de catégories préétablies. Ces nomenclatures ont été abandonnées. « Ces questions restent ouvertes », explique Patrick Simon, de l’Ined, qui fait partie du groupe de conception du projet."

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