1er octobre 2009
"[...] "Je n’irai pas à la messe", lâche Jiri Zavrel, 38 ans, le responsable de l’équipe d’entretien. "Le pape et l’Eglise ne me disent rien, mais il pourrait venir plus souvent, au moins nous aurions de belles routes", dit-il en montrant le nouvel asphalte. "Il y aura beaucoup de monde, je préfère me réfugier à la campagne", prévoit Vaclav Novak, 55 ans, venu acheter des vêtements de jardin dans les boutiques tenues par des Vietnamiens. "Je ne crois pas en Dieu et ne suis jamais entré dans les églises de Stara Boleslav", reconnaît Pavel Hradecky, un lycéen de Brandys-nad-Labem, qui jouxte, sur l’autre rive de l’Elbe, Stara Boleslav.
Rencontrer un catholique dans le "coeur spirituel" de la Bohême relève presque de la gageure. En semaine, entre cinq et dix fidèles participent à la messe, le dimanche, au plus 200, soit à peine 1,3 % des 15 000 habitants de la ville créée par les communistes dans les années 1950, Brandys-nad-Labem-Stara Boleslav, pour tenter d’effacer la mémoire de ce lieu de pèlerinage. Celui-ci fut d’ailleurs interdit et le 28 septembre redevenu une journée travaillée jusqu’au début des années 1990, lorsque, de nouveau férié, l’Eglise a recommencé à organiser le pèlerinage annuel qui jadis attirait des dizaines de milliers de fidèles.
"Stara Boleslav fait partie des cas extrêmes, reconnaît le sociologue des religions Zdenek Nespor. Mais la pratique religieuse en République tchèque est probablement l’une des plus faibles en Europe et dans le monde." Selon l’ex-dissident et président Vaclav Havel, quarante ans de communisme et vingt ans de consumérisme ultralibéral ont fait de ce pays "la première société réellement athée sans ancrage moral". Mais son ami de la dissidence anti-communiste, Vaclav Maly, évêque auxiliaire de Prague, se veut "optimiste" : "400 000 Tchèques (4 % de la population) participent aux messes dominicales, selon un recensement effectué dans toutes les églises du pays au printemps", explique-t-il.
"Dans la plupart des paroisses, il y a des adultes catéchumènes qui se préparent au baptême, les laïcs participent de plus en plus à la vie de l’église", Mgr Maly souligne les "signes positifs". "Bien sûr, tout n’est pas rose, concède-t-il, nous n’avons pas su répondre aux attentes que beaucoup de nos concitoyens portaient à la sortie du communisme, nous ne savons pas "vendre" tout ce que nous faisons dans le domaine social ou éducatif, nous ne prenons pas suffisamment position dans les débats de société." [...]
Le pape, qui rencontrera brièvement les dirigeants du pays, n’abordera pas les dossiers qui fâchent dans les relations entre l’Etat tchèque, l’église locale et le Vatican. Prague est la dernière capitale postcommuniste à ne pas avoir signé de nouveau concordat avec le Saint-Siège et n’a toujours pas réglé la question des restitutions des nombreux biens ecclésiastiques confisqués par le régime précédent.
Celle-ci n’est pas en voie d’être résolue. L’opposition sociale-démocrate, qui pourrait prendre les commandes du pays lors des prochaines élections avec le soutien des communistes, a renoué avec son discours ultra-anticlérical de l’entre-deux-guerres et ferraille contre le "cadeau" aux Eglises."
Lire "La République tchèque, marquée par l’athéisme, se prépare à la visite du pape".
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