Revue de presse

"La République sera laïque ou ne sera plus" (F.-O. Giesbert, Le Point, 1er nov. 12)

2 novembre 2012

"Faut-il laisser le débat sur l’islam aux gueulards populistes d’un côté et, de l’autre, aux agneaux bêlants alors qu’ils se font la courte échelle ? Pardon de déranger les habitudes, mais il est temps d’en finir avec ce tabou si l’on veut éviter que la France, déjà en déclin économique, n’aille au devant de sérieux séismes civils, ethniques et religieux.

Les vociférateurs des deux bords l’ayant préemptée, ils ont fait de l’assimilation de l’islam dans la République un enjeu de basse politicaillerie alors qu’il faudrait l’aborder sans arrière-pensées, avec doigté, dans le cadre d’une majorité d’idées gauche-droite.

On en est loin. Les vierges effarouchées de la bien-pensance sont horrifiées à l’idée même que l’on puisse seulement l’effleurer. Observez les agents de la circulation idéologique, armés jusqu’aux dents. Ils sont toujours en état d’alerte, prêts à verbaliser le premier qui sort des rangs, fût-ce l’excellent Valls.

L’extrême vigilance de ces blanches colombes est cependant compréhensible : la stigmatisation d’une religion ou d’une communauté est toujours une mauvaise action ; elle divise, ostracise et hystérise sans faire avancer les choses. C’est pourquoi les flics de la pensée sont nécessaires, jusque dans leur suffisance. Ce sont les idiots utiles de la République. À condition qu’ils ne fassent pas la loi.

Par exemple, il ne devrait pas être question de pouvoir enfreindre les règles fixées en 1905, lors de la séparation des Églises et de l’État. Comme Jacques Chirac l’avait dit en 2003, non sans maestria, dans son discours sur la laïcité, elles sont parties prenantes de notre identité : il n’y a aucune raison de les changer ou d’y déroger.

Or c’est ce qui se passe aujourd’hui, sous la pression d’une immigration qu’ont rendue conquérante des années de frustrations et d’humiliations. L’américanisation de la société, consacrée politiquement avec l’avènement du quinquennat, a fait le reste. Son inculture aidant, une grande partie de la classe politique, à gauche comme à droite, a succombé, un moment, aux prétendus charmes du communautarisme made in USA.
eaucoup de Français en sont venus à honnir l’islam, qui n’en peut mais et qui a simplement gagné le terrain qu’on lui a cédé, pleutres que nous sommes.

C’est ainsi, chose comique, que les notables d’Amiens en sont venus à débaptiser le traditionnel marché de Noël, ô le vilain mot, pour l’appeler marché d’Hiver, ce qui est quand même infiniment plus joli. C’est ainsi encore que nous sommes condamnés à manger de la viande hallal qui n’est pas qualifiée comme telle, contrairement à toutes les lois de transparence et de traçabilité. Si on est arrivé là, c’est sous le fallacieux prétexte qu’il ne faudrait pas montrer du doigt une religion qui, de surcroît, touche sa dîme sur chaque bifteck ou bas morceau. Tant mieux pour les imams et tant pis pour la souffrance animale : les bêtes ne votent pas.

Tels sont les effets de notre état d’épuisement et de procrastination nationaux. L’islam n’y est pour rien : parce qu’il ne trouve aucune résistance ou presque, il avance tranquillement ses pions dans les hôpitaux, les cantines ou les programmes scolaires. Face à sa progression dans la société civile, rien n’empêche les laïques de défendre leur modèle qui, de surcroît, n’a pas démérité. Il ne s’agit pas d’incriminer, encore moins d’insulter la deuxième religion de France, mais de lui parler. Sans la sollicitude complaisante ni l’empathie condescendante des supposés croisés de l’antiracisme, mais avec tout le respect dû à son rang, pour lui dire que, dans le vivre-ensemble à la française, l’État et la religion ne sont pas mariés, ni même concubins.

La grande majorité des musulmans de France sait cela. Elle se sent prise en otage par les radicaux ou les obscurantistes emmurés dans leurs fantasmes. Elle ne supporte plus les excès, les dérives et les provocations de ces prédicants lamentables. [...]"

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