(Le Monde, 19 juil. 24) 19 juillet 2024
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
La réforme de la formation des enseignants ne passera pas avec un gouvernement en « affaires courantes »
Au ministère de l’éducation nationale, on évoque une « réforme différée ». Mais au sein des cercles éducatifs, beaucoup estiment désormais que ce projet contesté ne verra jamais le jour.
Par Sylvie Lecherbonnier
Les acteurs éducatifs scrutaient le Journal officiel depuis le 9 juillet. Le Conseil d’Etat avait alors validé sans modification le projet de décret rénovant la formation des enseignants, et la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, espérait « publier le texte dans les prochains jours » pour une mise en œuvre dès la rentrée et les concours 2025.
Une semaine plus tard, il n’en est rien. « Cette réforme n’a pas pu aller jusqu’à son terme du fait de la dissolution, et donc, maintenant, [du passage du gouvernement démissionnaire aux] affaires courantes », a affirmé mercredi 17 juillet Nicole Belloubet sur RMC.
Si l’entourage de la ministre parle d’une « réforme différée compte tenu de la période », beaucoup, dans les cercles éducatifs, estiment que cette quatrième refonte de la formation des enseignants en quinze ans ne verra pas le jour. Elle prévoit le passage du concours de bac + 5 à bac + 3, une rénovation complète de ces deux années et la rémunération des étudiants durant ce cursus, avec l’ambition de créer un regain d’attractivité pour le métier d’enseignant. « Ce sera au prochain gouvernement de s’emparer de cette réforme », même si « le texte est prêt », remarque-t-on dans l’entourage de Nicole Belloubet, avec une pointe de regret.
« Un dossier mal géré du début à la fin »
Voulu et annoncé par Emmanuel Macron le 5 avril, ce projet, interministériel par essence, s’est enlisé au fil des semaines. L’arbitrage autour de la rémunération des lauréats du concours et de leur statut a, par exemple, mis deux mois et demi à être tranché. Le ministère de l’éducation nationale proposait d’emblée un salaire de 1 400 euros net mensuel, quand Matignon évoquait 900 euros net par mois. Le 27 juin, la formule du ministère de l’éducation a finalement été retenue, malgré le contexte budgétaire contraint. En aparté, les partenaires sociaux assurent s’être fait confirmer que « Bercy » avait bloqué le projet pour des raisons budgétaires.
C’est aussi cette version qui circule dans les couloirs du ministère de l’enseignement supérieur, où l’amertume est palpable et où l’on tient à préciser que ce projet devait être paraphé par le premier ministre et sept ministres (éducation nationale, enseignement supérieur, comptes publics, économie, fonction publique, intérieur, outre-mer). Un seul d’entre eux, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a refusé de signer, selon une source ministérielle.
Depuis plusieurs semaines, la quasi-totalité des organisations syndicales comme les universités demandaient soit le report, soit le retrait de la réforme, jugeant le calendrier de plus en plus intenable. « Cette non-parution est l’aboutissement d’une série de péripéties d’un dossier mal géré du début à la fin », commente Christophe Bonnet, secrétaire national de la CFDT-Education, formation, recherche publiques. Sophie Vénétitay, responsable du SNES-FSU, juge pour sa part qu’« il faudra reprendre ce dossier de bout en bout ».
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Elèves enseignants dans Ecole (note de la rédaction CLR).
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