Revue de presse

"La morale laïque de Peillon édulcorée à la sauce Hamon" (Le Figaro, 9 juil. 14)

9 juillet 2014

"Les tenants de la laïcité dénoncent une version adoucie de cet enseignement. D’autres s’interrogent sur sa déclinaison en classe.

Mais que reste-t-il des grandes ambitions laïques de Vincent Peillon, ministre de l’Éducation remplacé par Benoît Hamon fin mars ? De prudentes propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP), parues le 3 juillet, qui rappellent étrangement les actuels enseignements d’éducation civique. Et risquent de fâcher les enseignants. Certains y voient déjà une usine à gaz, quand d’autres dénoncent un vrai recul sur le terrain de la laïcité.

Le terme « laïque » n’apparaît qu’une fois dans l’exposé des sept grands principes qui sous-tendent ce nouveau programme, proposé du CP à la classe de troisième. Il « se fonde sur les principes et valeurs inscrits dans les grandes déclarations des droits de l’homme et dans la constitution de la Ve République », explique le texte. Une référence à la laïcité trop implicite, selon certains.

« Ce projet est axé sur le “vivre-ensemble”. C’est très bien, mais à aucun moment nous ne percevons la volonté de poser la laïcité comme un principe d’enseignement », lance Albert-Jean Mougin, au Snalc. « C’est relativement grave dans une société où l’on observe une montée des communautarismes », poursuit-il. « Je m’étonne de voir que la laïcité n’est pas définie comme la colonne vertébrale de ce vivre-ensemble », estime Jean-Louis Auduc, ancien directeur d’IUFM et spécialiste des questions de laïcité, qui déplore un projet « incompréhensible et abstrait ».

Avec ce tiède projet, le CSP a emboîté les successifs petits pas en arrière de la gauche sur le sujet. De la flamboyante « morale laïque » avec ses accents de IIIe République, brandie dès l’été 2012 par Vincent Peillon, à l’« enseignement laïque de la morale », selon les termes d’un rapport rendu en avril 2013, nous voici revenus, depuis quelques mois, à un « enseignement moral et civique » et repris par les propositions du CSP.

Des termes sages, visant à faire taire les critiques dénonçant, pour les uns, une mise en danger de la diversité, pour les autres, une conception antireligieuse de la morale et un dogmatisme d’État. Avec précaution, le projet inscrit dans le premier principe du programme que « l’éducation morale n’est pas du seul fait ni de la seule responsabilité de l’école ; elle commence dans la famille. L’enseignement moral et civique se fait quant à lui dans le cadre laïque qui est celui de la République ». Les ABCD de l’égalité, à qui l’on a reproché de franchir certaines limites, sont passés par là.

[...] Comment sera décliné cet enseignement ? Le CSP préconise « un horaire spécialement dédié », a priori une heure par semaine à l’école élémentaire et au collège. « Rien de bien nouveau par rapport à l’éducation civique, qui a une cinquantaine d’années. On ne peut pas réinventer la poudre ! » observe Jean-Louis Auduc. « On aurait cependant pu profiter de l’occasion pour mettre en place une formation spécifique des enseignants », poursuit-il, avant de pointer un sujet laissé à la bonne volonté et à l’engagement de chacun.

Qui sera chargé de ce nouveau programme ? Plus nécessairement les seuls professeurs d’histoire-géographie qui assurent actuellement l’heure hebdomadaire d’éducation civique, explique le CSP, qui évoque le français, la SVT ou encore l’EPS. Cette éventuelle diminution de charge horaire, qui entraînerait des suppressions de postes, inquiète déjà les principaux intéressés."

Lire "La morale laïque de Peillon édulcorée à la sauce Hamon".


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales