22 avril 2013
""La morale laïque, c’est le contraire de la raison d’Etat", "chaque citoyen doit construire librement son jugement", a expliqué ce lundi matin Vincent Peillon pour définir le contenu de la morale laïque telle qu’elle devrait être enseignée à raison d’une heure par semaine dans les écoles primaires et de 18 heures de cours dans les collèges à partir de 2015. C’est aussi "le respect de toutes les convictions, de toutes les croyances", a ajouté le ministre de l’Education nationale. "Une société démocratique ne peut pas vivre uniquement" dans "la peur du gendarme", mais avec ce "qui vient de l’intérieur, ce que nous portons nous-mêmes, ça s’appelle la morale", a-t-il conclu, après la remise d’un rapport sur cet enseignement
Ancien professeur agrégé de philosophie, Vincent Peillon connaît ses classiques. Il se réfère ainsi aux concepts développés par Jean Jaurès. Dans son discours prononcé en 1892 par le fondateur de l’Humanité (1904) explique d’emblée : "La morale laïque, c’est-à-dire indépendante de toute croyance religieuse préalable, et fondée sur la pure idée du devoir, existe ; nous n’avons point à la créer. Elle n’est pas seulement une doctrine philosophique ; elle est devenue, depuis la Révolution française, une réalité historique, un fait social, car la Révolution, en affirmant les droits et les devoirs de l’homme, ne les a mis sous la sauvegarde d’aucun dogme. Elle n’a pas dit à l’homme : Que crois-tu ? Elle lui a dit : Voilà ce que tu vaux et ce que tu dois ; et, depuis lors, c’est la seule conscience humaine, la liberté réglée par le devoir, qui est le fondement de l’ordre social tout entier.
Il s’agit de savoir si cette morale laïque, humaine, qui est l’âme de nos institutions, pourra régler et ennoblir aussi toutes les consciences individuelles. Il s’agit de savoir si tous les citoyens du pays, paysans, ouvriers, commerçants, producteurs de tout ordre, pourront sentir et comprendre ce que vaut d’être homme et à quoi cela engage. Là est l’office principal de l’école. Nos écoles […] sont donc tenues de découvrir et de susciter dans la conscience de l’enfant un principe de vie morale supérieure et une règle d’action. L’enseignement de la morale doit donc être la première préoccupation de nos maîtres."
Un enseignement, pas une discipline. "Il y aura bien un enseignement dédié", au sens où les élèves ne feront "que ça pendant une heure", mais ce ne sera "pas une discipline", au sens où il n’y aura pas de Capes ni d’agrégation spécifique, comme il y a des concours pour devenir professeur de maths ou d’anglais, a précisé le ministre, agrégé de philosophie. "Ce devrait être dans les programmes à la rentrée 2015", a-t-il ajouté. "On ne peut pas faire plus vite", a-t-il fait valoir. En primaire, cet enseignement sera dispensé par les professeurs des écoles, comme les autres matières. Dans le secondaire, il pourrait passer par des "travaux interdisciplinaires", a-t-il dit. "Tous les professeurs seront formés à pouvoir assurer" cet enseignement, et ceux qui le choisiront le feront, a-t-il précisé, souhaitant que ce ne soit pas "la chasse gardée" des philosophes et des historiens. "Quelle que soit la forme, cela doit être évalué", a-t-il assuré. Cela pourrait passer par exemple par une "forme de contrôle continu au bac"."
Comité Laïcité République
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