par Gérard Durand. 19 août 2021
[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
La loi de Téhéran, de Saeed Roustayi (2 h 14), avec Paymann Maadi , Houman Kiai. Sortie 28 juil. 21.
En Iran, la sanction pour possession ou trafic de drogue est la même pour tous, pour 30 grammes ou 80 kg : c’est la mort par pendaison. Dans ces conditions, les narco trafiquants n’ont aucune raison de se limiter, ils recherchent le gros coup. Le résultat est effrayant. L’Iran est submergé par la drogue que consomment 6,5 millions de personnes, chiffre multiplié par 4 en deux décennies.
Le commandant Samad Majidi dirige une unité de lutte contre les trafiquants à Téhéran. Depuis des années, il échoue à capturer l’un des gros caïds de la ville, Nasser Khakzad. C’est devenu une obsession. Quand le film commence, il vient de changer de méthode. Finis la pénétration des réseaux, la recherche de complices prêts à trahir pour quelques billets. Il faut toucher la masse des consommateurs, et plus particulièrement ceux d’un quartier ou des familles entières se regroupent dans un immense dépôt de tuyaux de gros diamètre. Samad ne fait pas dans la dentelle. Une gigantesque rafle vient remplir des salles de prison ou l’on entasse les drogués. Le but est clair : en recoupant les informations sur les petits dealers, puis sur les moyens, il doit être possible d’atteindre la tête du réseau.
Et ça marche. Les interrogatoires choc permettent de mettre Nasser sous les verrous. Après avoir une idée de ce que peuvent être les prisons iraniennes et suivi les péripéties de l’arrestation du caïd, le spectateur va assister à l’instruction du procès et à la suite des péripéties. Il est placé au cœur de l’action de la brigade de ces flics de choc avec leurs états d’âme et parfois leurs divisions. Il va suivre aussi le comportement du caïd et de sa famille jusqu’au dénouement final.
Le film ne laisse pas une minute de répit au spectateur pendant plus de deux heures. Il arrive enfin sur nos écrans deux ans après avoir été primé à la Mostra de Venise. C’est à la fois une histoire formidablement racontée et un documentaire sur un pays que très peu d’occidentaux connaissent et qui est devenu un pays de toxicos. Le réalisateur Saeed Roustayi (à peine 30 ans) laisse entendre que le pouvoir en place, ou certains de ses plus hauts dignitaires n’y sont peut-être pas pour rien. Mais de façon assez habile pour passer la censure et son film a fait un malheur dans les salles Iraniennes.
A voir absolument.
Gérard Durand
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