Claude Barratier, Jean-François Chalot, Guylain Chevrier, Jean Mourot, Nabum, Nathalie Rocailleux. 12 avril 2021
[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"C’est avec stupeur que nous avons pu lire dans la revue « l’Émancipation syndicale et pédagogique », un article de Christian Eyschen titré :« Un ouvrage qui fera date » et qui s’en prend à Jean Pierre Obin le traitant de raciste et de xénophobe."
"Sur son Blog, la Fédération Nationale de la Libre pensée [1] s’est encore livrée à un de ces procès qu’elle affectionne contre des laïques dont la critique des religions ne s’arrête pas aux portes de l’islam, titré tout en nuances : « A la niche, les glapisseurs de Macron ! », détournant, par un raccourci historique grossier, le titre d’un tract des surréalistes de 1948 « A la niche, les glapisseurs de dieu ! » La suite ne vaut pas mieux, infamante à souhait : « La laïcité, une exception menacée, co-signé entre autres par Jean-François Chalot, Caroline Fourest, Eddy Khaldi, Guylain Chevrier, bref, le ban et l’arrière-ban des pseudo-laïques pétris de xénophobie antimusulmane. » Que peut donc avoir en commun avec les surréalistes, qui visaient la religion et donc toutes les religions, cette agression qui tourne le dos à ce principe pour décréter une religion sacrée, intouchable ? Depuis quand la critique d’un culte ou d’un autre serait de la xénophobie ? « Xénophobie antimusulmane », expression choisie sans doute pour éviter le terme « islamophobie » un peu trop décrié…
Tout d’abord, on cherchera dans notre livre le moindre soutien à Emmanuel Macron que sous-entend l’article. Il accuse la loi confortant les principes républicains qui entend lutter contre "le séparatisme" d’être une « offensive xénophobe », et de « cause infame » contre les musulmans. Si on peut la critiquer ce n’est certainement pas à cet égard, mais plutôt, parallèlement à certaines avancées contre un communautarisme qui n’a rien d’un fantasme, de nouvelles largesses qu’elle donne aux religions affaiblissant la loi de séparation de 1905, par la possibilité par exemple, qu’elles puissent faire fructifier des biens immobiliers pour se financer. Dans le même état d’esprit, est désignée « d’ignoble campagne médiatique », appelée plus loin « ratonnade médiatique » des fois que l’on n’ait pas compris, « l’affaire de Trappes ». L’enseignant à l’origine de celle-ci, bien malgré lui, aujourd’hui sous protection policière, n’intéresse évidemment nullement l’auteur de ce texte qui joue aux apprentis sorciers.
L’auteur récupère Desproges sans vergogne, pour lui faire dire là qu’« avec La Nausée, on peut aussi avoir Les mains sales », dévoyant le libre trait d’esprit de ce magicien des mots pour en faire un censeur de la liberté de pensée. Il fallait oser.
Pour rejeter l’idée d’une laïcité française d’exception qu’affirme notre livre, ce qui est bien le cas puisque la France est le seul pays à avoir été aussi loin pour faire de ce principe un pilier de l’organisation politique de l’Etat, est défendu que « cette notion figure, sous des formes diverses, dans un très grand nombre de constitutions d’une multitude de pays. », et donc rien de moins que le relativisme en la matière. Ce qu’un Jean Baubérot, apôtre d’une laïcité dite « ouverte », ne renierait pas. La laïcité française si elle est exceptionnelle est par essence un exemple universel tout autant que 1789 !
Extrait de la diatribe : « Pour tous ces pseudo-laïques, de l’extrême-droite à une « gauche » bien-pensante et vallsiste, c’est le musulman qui est l’ennemi. Tout est permis contre lui. » L’auteur s’autorise surtout n’importe quoi, en feignant que « le musulman » soit attaqué. Ce qui révèle où on peut en arriver, à essentialiser toute critique de l’islam sous prétexte que le pauvre serait nécessairement immigré et musulman, jusqu’à l’aveuglement devant l’islamisme. Une attitude qui sert le délit de blasphème !
On cherchera ainsi longtemps la moindre attaque gratuite contre les musulmans dans notre livre, la critique portant sur les excès voire les dangers de la religion en général, où la religion chrétienne en prend aussi pour son grade. La laïcité, pour ceux qui la défendent, c’est bien plus que le libre choix d’avoir une religion ou non, c’est l’absence, quelle qu’elle soit, de tout compromis, avec elle. Ce qu’avaient compris les libres penseurs d’un autre temps.
Par ce procès en moralité, on entend atteindre les personnes dans leur probité, leur intégrité, tout en déformant leur pensée, leurs dires, au regard d’un livre dont le seul but est de faire progresser pour ce qu’il peut, un combat laïque et social qui entend donner force à notre République, pour reconquérir l’idée de ne faire qu’un peuple, seule voie au progrès social.
Nous nous confrontons à la montée d’affirmations identitaires, communautarisme islamique voire intégriste en bonne place, réclamant un droit à la différence dont on sait qu’il conduit à la différence des droits, à la fin de l’égalité entre tous qui seule permet le mélange au lieu de la séparation, qui déjoue le mieux le racisme. Critiquer les excès du religieux quel qu’il soit, ce que fait ce livre, c’est protéger chacun et tous contre l’arbitraire, et particulièrement ces concitoyens de confession musulmane qui attendent de la République qu’elle leur garantisse leur droit de pratiquer leur culte à leur façon, sans se le voir imposé par des groupes de pression qui les assignent à des choix faits par des chefs religieux, contre leur liberté.
Cette critique de toutes les radicalisations religieuses, et recherche de séparation sur fond de revendication au multiculturalisme juridique, est un préalable pour rassembler sans distinction autour des valeurs et principes républicains humanistes, et tout le contraire des divisions que promeut ainsi la Libre pensée dans le mouvement laïque. Combat laïque et combat social étant indissociables, ces divisions se répercutent aussi sur les forces sociales, ce qui ne peut que servir un ultralibéralisme qui fructifie sur l’adage « diviser pour mieux régner ».
On soulignera ce discours de haine qui désigne à la vindicte des personnes, dont le nom est déjà sur des listes, celles de ces intégristes qui, si l’occasion leur en était donnée, n’hésiteraient pas à passer à l’acte. « Tout cela » nous-dit-on, « ne peut déboucher que sur de nouveaux pogroms. » Mais au fait, de qui ? Face à cette volonté de diviser les laïques et d’incitation à la haine, l’antidote est tout désigné, notre livre : « La laïcité, une exception menacée ».
Signataires :
Claude Barratier. Proviseur de lycée public retraité, militant d’associations laïques
Jean-François Chalot. Militant laïque d’éducation populaire, responsable associatif
Guylain Chevrier. Docteur en histoire, formateur, enseignant et consultant, ancien membre de la mission laïcité du Haut Conseil à l’Intégration, militant laïque
Jean Mourot. Editeur militant
Nabum. Conteur
Nathalie Rocailleux. Psychologue Clinicienne, Spé. Psychopathologie, Directrice AFL Transition
Présentation du livre ici : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/59335
Commande : https://www.thebookedition.com/fr/la-laicite-une-exception-menacee-p-379671.html"
[1] « A la niche, les glapisseurs de Macron ! » (Blog Médiapart de la FNLP) https://blogs.mediapart.fr/libre-pensee/blog/180221/la-niche-les-glapisseurs-de-macron
Voir aussi La laïcité, une exception menacée, de Jean-François Chalot et autres (éd. Scorpion brun), le communiqué du CLR Total soutien à Eddy Khaldi, président de la Fédération nationale des DDEN (CLR, 9 avril 21) (note du CLR).
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