Revue de presse

"La liberté de la presse toujours en danger" (lemonde.fr , 3 mai 13)

4 mai 2013

"Dimanche 21 avril en fin d’après-midi, Mohamed Ibrahim Rageh, qui travaillait pour la télévision nationale somalienne et Radio Mogadiscio, rentrait tranquillement chez lui au terme d’une journée de travail, quand il a été abattu devant son domicile. Mohamed Ibrahim Rageh venait de regagner Mogadiscio après s’être exilé de 2009 à 2013 au Kenya puis en Ouganda pour des raisons de sécurité, selon ses collègues. Il est le quatrième journaliste somalien tué depuis le début de l’année d’après l’AFP. En 2012, 18 autres étaient morts.

Mohamed Ibrahim Rageh est le dernier en date des 19 journalistes tués dans le monde depuis le début de l’année, selon un décompte tenu par Reporters sans frontières. L’ONG de défense de la liberté de la presse, basée à Paris, recense également 174 journalistes professionnels emprisonnés. Durant cette même période, 9 citoyens journalistes et Net-citoyens ont trouvé la mort et 162 d’entre eux ont été emprisonnés, ainsi que 11 collaborateurs de presse (traducteurs, fixeurs, techniciens, etc.). La Syrie bien évidemment, mais aussi le Pakistan et la Somalie sont les pays les plus dangereux pour la presse, devant le Brésil et le Mexique.

Les pays les plus liberticides pour la presse restent le Turkménistan, la Corée du Nord et l’Erythrée. Ils sont talonnés par l’Iran, la Chine, Cuba, le Soudan et le Yémen. Si la situation des journalistes s’est améliorée en 2012 en Birmanie, en Côte d’Ivoire, au Malawi et en Afghanistan, elle s’est dégradée au Mali, en Tanzanie, à Oman, en Malaisie, au Cambodge et en Macédoine. Mais aussi au Japon, où l’accès à l’information sur tout ce qui touche à Fukushima est difficile, et en Israël, où des journalistes palestiniens sont incarcérés sans jugement, comme le dessinateur Mohammad Saba’aneh.

Malgré la chute de dictatures en Egypte, en Tunisie et en Libye, le chemin vers la liberté reste malaisé et semé d’embûches. En Tunisie, par exemple, de nouveaux délits de presse et d’expression apparaissent, comme l’insulte à l’islam, qui a valu une condamnation à sept ans et demi de prison au jeune blogueur Jabeur Mejri. En Egypte, les plaintes pour insulte de la présidence de la République ont crû de façon exponentielle depuis l’élection de Mohamed Morsi. Parmi les pays arabes, seule la Mauritanie a supprimé les peines d’emprisonnement des journalistes pour délit de presse.

Pour le seul mois d’avril, les législateurs de la Tunisie, du Koweït, de l’Afrique du Sud, du Burundi mais aussi du Royaume-Uni ont cherché, d’une manière ou d’une autre et à des degrés divers, à encadrer et à contrôler la liberté de la presse. Vendredi 3 mai est célébrée, comme chaque année depuis 1993, la Journée mondiale de la liberté de la presse. C’est aussi l’occasion de se souvenir de Reeyot Alemu, une journaliste éthiopienne condamnée à cinq ans de prison dans son pays pour terrorisme. L’Unesco lui a décerné le Prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano 2013."

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